SAINTE-ANNE-DE-LA-POCATIÈRE – À 75 ans, Marcel Beaulieu compte plus de 60 saisons des sucres derrière la cravate. Il a hérité de cette grande passion de son père et de son grand-père et il poursuit aujourd’hui la tradition dans le même esprit familial, entouré de ses quatre fils.
Située non loin du Boisé Beaupré à Sainte-Anne-de-la-Pocatière, la Cabane à sucre à Marcel, comme le panneau l’indique de la côte Sainte-Anne-Saint-Onésime, est assurément une des plus connues de la municipalité. Établie sur cette terre depuis 1922, la famille Beaulieu a commencé à y faire les sucres au printemps 1923.
Dès l’âge de 7 ans, Marcel Beaulieu ramassait l’eau d’érable avec sa famille, en attendant le jour où il pourrait faire « ses preuves ». « J’ai regardé mon père faire et à 14 ans, j’ai construit ma première cabane », de raconter M. Beaulieu.
C’est en opérant cette petite cabane à sucre que Marcel Beaulieu se consacrera principalement à la production de sirop d’érable, contrairement à sa famille, qui produisait principalement du sucre d’érable à l’époque. De plus, il s’amusera aussi à faire du sirop de bouleau et de la tire de bouleau, mais le résultat ne lui plaira pas. « Ce n’est pas bon », déclarera-t-il avec franchise.
Cabane à sucre à Marcel
Plusieurs années plus tard, Marcel Beaulieu n’avait plus à prouver sa passion au reste de sa famille. Tous savaient bien que le sirop d’érable coulait dans ses veines. C’est à cette époque qu’il entreprit la construction de ce qui deviendra la Cabane à sucre à Marcel, qui remplacera celle que la famille Beaulieu opérait auparavant. « La première section a été construite en 1980 », expliquait-il. Le premier évaporateur, d’une longueur d’un peu moins de 2 m, sera ajouté en 1982. Plus grand et plus fonctionnel, le bâtiment conservera tout de même ce petit côté folklorique qu’on associe aux cabanes à sucre, et cela, malgré les innovations technologiques réalisées depuis.
D’ailleurs, c’est ce même souci d’authenticité que l’on retrouve partout dans l’érablière, où l’eau d’érable est encore récoltée à la chaudière. Un travail colossal pour cette érablière de 800 entailles, au potentiel de 2000, où se côtoient des érables âgés entre 200 et 300 ans et qui produisent en moyenne 125 gallons de sirop par année. « Quand le soleil se lève le matin et que tu entends l’eau d’érable qui se met à couler dans les chaudières, il n’y a rien de plus beau », de raconter Marcel Beaulieu, toujours aussi fasciné.
Ambiance conviviale
Lieu de rassemblement de la famille Beaulieu, la Cabane à sucre à Marcel est depuis toujours fréquentée par les amis et les connaissances de la famille, ainsi que de gens venant aussi loin que l’Île de la Réunion, le Japon, l’Allemagne et l’Australie. « Nous avons toujours été ouverts à tout le monde, sans rien demander et ça va rester », de spécifier le septuagénaire, qui a vu passer jusqu’à six générations de la même famille à sa cabane, au fil des ans.
Associé depuis toujours à la Cabane à sucre, Marcel Beaulieu se fait parler de sa passion 12 mois par année par les gens de la région. À l’avenir, il espère que la tradition se poursuivra avec ses fils. « J’aimerais que ça reste familial et authentique. C’est mon seul souhait », conclura-t-il.
