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Les Bisons Chouinard : les grandes plaines de l’Est

SAINT-JEAN-PORT-JOLI – On a encore en mémoire les grands troupeaux mythiques de l’Ouest américain, les grandes chasses sacrées des Sioux et des Métis. Le bison d’aujourd’hui, s’il s’est assagi jusqu’à devenir un animal de ferme, garde intacte son aura de puissance tranquille. Et la qualité de sa viande pourrait faire rougir tous les bœufs de l’Ouest.

Un bison mâle adulte, c’est une tonne de viande sur pied, de laine touffue, de sabots redoutables et de cornes impressionnantes. Le genre de bête qui pose de bons défis pour l’éleveur, surtout s’il a comme projet de proposer une expérience agrotouristique au grand public.

Ce défi, Jean-Luc Chouinard l’a relevé en 1996 avec sa compagne Mary-Jo Gibson. Lui, ingénieur minier, elle, professeur d’anglais, rien ne semblait les destiner à devenir éleveurs, jusqu’à ce que Jean-Luc goûte au bison lors d’un méchoui organisé par son entreprise. Impressionné, il se renseigne et découvre les multiples qualités de cette viande rouge. Mary-Jo la décrit comme « une viande santé, non allergène, savoureuse et très faible en gras ». De plus, comme les Chouinard-Gibson élèvent leur troupeau sans antibiotiques ni hormones de croissance, ils mettent en marché un produit de très haute qualité.

Démarrer un élevage atypique

En 1996, le couple achète donc deux bisons mâles, quatre femelles enceintes et dix jeunes femelles qu’ils installent sur la ferme du frère de Jean-Luc à Saint-Pamphile. Ils font ensuite l’acquisition d’une ancienne ferme laitière à Saint-Jean-Port-Joli et, le temps de la préparer, les animaux arrivent sur la 132 en 1999.

« L’élevage d’un bison requiert de 24 à 30 mois, de la naissance à l’abattage, explique la productrice. C’est en 2004 que nous avons fait nos premières ventes, à la maison. » Rapidement, le produit gagne en popularité et on aménage une boutique dans la grange atelier adjacente à la maison, où l’on offre de plus divers types de viande produits dans la région. Les produits de bison (une vingtaine de coupes variées et des produits transformés) sont aussi distribués dans de nombreuses boutiques, restaurants et épiceries des MRC de L’Islet et du Kamouraska.

L’agrotourisme pour partager la passion

Quand on élève une viande aussi particulière que le bison, on a envie de partager son expérience avec le plus grand nombre de gens possible. Chez Les Bisons Chouinard, on offre quatre jours par semaine aux visiteurs, de préférence sur réservation, des promenades guidées au champ d’une durée de 45 minutes. Ces balades permettent au public, en sécurité derrière un tracteur, de s’approcher de ces bêtes imposantes, mais le plus souvent placides.

« Il faut tout de même rester prudent, les bisons vivent dehors à l’année comme un troupeau sauvage et ils ont leurs cornes, la vigilance est de mise. » On voit les yeux de Mary-Jo briller quand elle explique les mœurs du bison, son comportement grégaire et le choix des producteurs de les laisser vivre à l’état le plus naturel possible.

Les visiteurs partagent cette passion au cours de la visite, pour ensuite déguster les diverses déclinaisons de bison : terrines, rillettes au gras de canard ou bâtons de bison fumé. Et de la mi-juillet à la mi-août, le couple Chouinard-Gibson organise les jeudis-burgers, un barbecue convivial qui fait de plus en plus d’adeptes.

Le bison a de l’avenir

Malgré le peu de soutien financier et les difficultés rencontrées pour l’élevage et la mise en marché de ce produit de niche qui compte trop peu de producteurs, Mary-Jo Gibson se réjouit de voir la demande augmenter régulièrement chaque année.

« C’est encore impossible de faire vivre notre famille des produits de notre ferme. Nos trois enfants donnent un coup de main depuis qu’ils sont nés (ou presque!), mais recruter de la main-d’œuvre reste très difficile », explique la productrice. C’est donc avec plaisir qu’on accueille régulièrement des stagiaires à la ferme. Cet été, Mélissa Thomas profite d’un stage international et a quitté sa Bretagne pour venir découvrir cet élevage typiquement américain.

Jean-Luc Chouinard espère toujours pouvoir vivre de sa production avant l’âge de la retraite. Pour diversifier ses sources de revenus, il a mis sur pied un projet de boucherie C1 qui devrait voir le jour très bientôt. C’est un équipement qui manque dans la région et qui serait créateur d’emploi.

On continuera à développer des produits à base de bison, et on prévoit dès cet été offrir des visites à pied, pour encore bonifier l’expérience agrotouristique. Le couple compte bien sûr poursuivre sa mission d’éducation sur la viande de bison auprès du public. « Avec le prix du bœuf qui augmente énormément, note Mme Gibson, le coût de nos produits devient soudain très intéressant, compte tenu de la qualité de la viande. »