Le Bas-Saint-Laurent est sans conteste l’une des plus belles régions du Québec. Un petit coin de pays où des paysages d’une grande beauté et d’une diversité étonnante côtoient des couchers de soleil à couper le souffle.
Au fil des ans, j’ai pris connaissance de bon nombre des charmes et trésors de la région. Toutefois, ce n’est que récemment que j’ai découvert la présence de harfangs des neiges. Un splendide oiseau qui ne se gêne pas pour nous tenir compagnie lors de nos longs mois d’hiver. Avec l’aide de passionnés, je me suis lancé à sa recherche.
Ce harfang juvénile a été photographié à la fin novembre sur une terre agricole située à proximité du Chemin de la Rivière-des-Vases.
Photo : François Drouin
La région du Bas-Saint-Laurent couvre une superficie de 22 185 kilomètres carrés. Et c’est en plein cœur du territoire, au KRTB, que l’on observe la plus forte concentration de harfangs. Une présence marquée principalement dans la région de La Pocatière, de Rivière-Ouelle, de Saint-Denis, de Kamouraska, de Cacouna, de L’Isle-Verte et de Saint-Simon.
Pour quiconque prend le temps de regarder, le harfang des neiges sera au rendez-vous. Dans la MRC de Kamouraska, c’est Jacques Lévesque qui m’a servi de guide officiel. Cet ancien enseignant au Cégep de Rivière-du-Loup connaît tous les sites potentiels où apercevoir un harfang. Son œil habitué sait reconnaître une présence parfois discrète. « Un toit de silo qui présente une forme pointue, une tache blanche dans le haut d’un arbre, quelque chose qui sort du décor, ça trahit souvent la présence de ce bel oiseau blanc », souligne mon guide.
Harfang en vol à Saint-Fabien.
Photo : François Drouin
Itinéraire
Jeudi dernier, M. Lévesque et moi avons donc entrepris de parcourir la région afin d’en tracer un itinéraire pour les lecteurs d’Info-Dimanche et, c’est vrai, pour notre propre plaisir. C’est donc accompagné de mon guide ainsi que de deux autres passionnés de nature et d’ornithologie, Charlotte Ouellet-Simard et Fernand Gagné, que nous nous sommes lancés sur les traces du harfang des neiges du Kamouraska. Voici donc l’itinéraire que nous vous proposons.
Ouest
En partant de Rivière-du-Loup, nous empruntons donc la route 132 en direction ouest, vers Saint-Germain-de-Kamouraska. Une fois passé le village de Saint-André et la croix de chemin à Saint-Germain, jusqu’au Berceau de Kamouraska, vos chances d’apercevoir un harfang sont excellentes. Du côté sud, posé dans les champs ou du côté nord dans les arbres ou poteaux électriques, soyez attentifs.
Un autre harfang, photographié en décembre sur la rive du fleuve face à l’Île-Verte.
Photo : François Drouin
Au Berceau, il n’est pas rare qu’un harfang soit dans un arbre ou dans le champ, côté nord ou sud. Quelques centaines de mètres plus loin, à votre droite, une ferme est le terrain de prédilection d’un autre spécimen. Puis entre Saint-Denis-de-la-Bouteillerie et Saint-Philippe-de-Néri, dans le rang de la Haute-Ville (jonction de la route 287), regardez bien sûr le sommet des silos, le toit des granges et même dans les champs. Cet endroit s’est montré particulièrement fructueux lors de notre visite.
La région de Rivière-Ouelle, principalement dans les champs du côté sud, héberge de nombreux spécimens. En prenant la sortie 444 de l’autoroute 20, vous pourrez en apercevoir sur les différents panneaux publicitaires ainsi que dans les champs. L’affiche « Ultramar » en bordure de la 20 est un perchoir achalandé par le harfang. Le retour par l’autoroute vous permettra d’en observer dans les champs et les arbres du côté sud. Des buses y sont aussi fréquemment observées.
Un harfang des neiges bien visible à partir de l’autoroute 20 à La Pocatière sur le bâtiment aux étangs aérés.
Photo : François Drouin
Au total, en deux heures, notre petite expédition nous a permis d’admirer et de photographier 10 harfangs, avec en prime, un coyote. Cette « route des harfangs » du Kamouraska rappelle celle de Saint-Vallier dans Bellechasse. Vous devez toutefois savoir que les harfangs sont ici répartis sur une plus grande surface et qu’ils ne se trouvent pas nécessairement à proximité de la route.
Ouest
De retour à Rivière-du-Loup, je me suis dirigé vers l’est. Cacouna et L’Isle-Verte sont aussi des terres propices aux harfangs. La route 132 et surtout le Chemin de la Rivière-des-Vases sont de bons endroits pour les observer. Il ne faut pas négliger le quai de L’Isle-Verte. Puis, à la côte de la Pointe à la loupe, regardez bien dans les poteaux électriques, un harfang y trône fièrement. Soyez aussi attentifs dans le secteur de Rivière-Trois-Pistoles.
Environ 3 km à l’ouest de Saint-Simon, c’est l’apothéose. Pour quiconque est attentif (attention en auto!) vous croiserez plusieurs harfangs qui ne vous prêteront guère attention, vous laissant tout le loisir d’immortaliser cette belle rencontre. Entre Saint-Simon et Saint-Fabien, il vous sera encore possible d’apercevoir un à deux autres harfangs. On signale aussi la présence d’un harfang dans la région de Cabano, dans un champ près de la municipalité.
Il faut prêter attention, les harfangs sont souvent observables au sommet des silos à grains des bâtiments agricoles.
Photo : François Drouin
Bilan
En tout, 18 harfangs facilement observables, même sans jumelles. Et c’est sans compter les buses à queue rousse et autres oiseaux de proie facilement observables à La Pocatière, Cacouna, L’Isle-Verte et bien évidemment à Saint-Fabien (au belvédère Raoul-Roy). Une activité qui convient tant aux ornithologues, photographes, qu’à la famille qui apprécie les balades en plein air.
Buse battue juvénile photographiée à Kamouraska.
Photo : François Drouin
Harfang des neiges
Si à Rivière-du-Loup ce sont les Albatros (équipe de hockey midget AAA) qui ont le haut du pavé, les harfangs, ces petites boules de plumes blanches et grises que l’on peut observer l’hiver dans les champs et dans le haut des poteaux électriques du KRTB méritent notre plus grand respect. Contrairement à de nombreux hiboux et chouettes, le harfang chasse de jour, un spectacle hors du commun qu’il est facile d’apprécier.
Un harfang dans un champ de Saint-Germain.
Photo : François Drouin
Le harfang des neiges est une espèce de chouette de la famille des strigidés. L’oiseau est aussi nommé « ookpik » par les Inuits. Oiseau de grande envergure, il peut atteindre jusqu’à 170 centimètres. Son poids oscille généralement entre 1 et 2,5 kilos. Comme plusieurs de sa famille, les yeux jaunes du harfang sont fixes, voilà pourquoi sa tête est aplatie et que son cou peut tourner à un angle impressionnant de 270 degrés.
Pour assurer sa subsistance, cet oiseau doit capturer de 7 à 12 souris par jour. Le printemps et l’automne, plutôt que de siéger en hauteur, il se posera au sol. Le mâle adulte est presque entièrement blanc alors que la femelle et le juvénile arborent un plumage plus foncé. Cette épaisse couche de duvet isole parfaitement son corps du froid environnant.
D’ailleurs, malgré des froids aussi intenses que -50 degrés Celsius, la température de son corps se maintiendra entre 30 et 40 degrés. C’est pour lui permettre de résister au froid que l’on évitera de le forcer à s’envoler pour prendre une belle photo. Le harfang est un magnifique oiseau et il est de notre devoir de le protéger.
Harfang des neiges en vol dans le ciel de St-Simon.
Photo : François Drouin
Collaboration spéciale: François Drouin, Infodimanche.com