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Les petites industries rurales : la fabrique de rouets

Les petites industries rurales ont une histoire fascinante qui mérite que l’on s’y attarde. Même si pour la plupart, elles n’ont pas duré en raison de la concurrence économique des grandes villes, ces petites industries ont marqué les communautés à l’échelle locale. Elles témoignent de savoir-faire et de l’ingéniosité des habitants. Celle des rouets, par exemple, occupe une niche particulière.

La compagnie Desjardins limitée, établie au village de Saint-André-de-Kamouraska depuis 1865, fabrique non seulement de la machinerie aratoire, mais aussi des rouets. En 1937, elle en fabrique 253. Une autre fabrique de rouets, celle de Joseph Paradis, est en activité à Saint-André. Selon l’ethnologue Marius Barbeau, la tradition de fabriquer des rouets est ancienne chez les Paradis. Chaque année, durant les années 1930, celui-ci fabrique environ 250 rouets qui sont vendus au Québec et au Nouveau-Brunswick. Il possède une embarcation qui lui permet d’aller vendre ses rouets sur la Côte-Nord.

Pantaléon Ouellet quant à lui poursuit la tradition familiale de fabriquer des rouets à Saint-Roch-des-Aulnaies. Établie au village en 1916, en bordure d’un ruisseau, cette fabrique produit de 300 à 350 rouets par année. Vendus six dollars l’unité, ces rouets sont distribués par le fils de Pantaléon au lac Saint-Jean, sur la Côte-Nord, en Gaspésie et au Nouveau-Brunswick. Selon une photographie du sociologue Horace Miner, il semble y avoir eu un fabricant de rouets à Saint-Denis.

Le rouet fait partie du mobilier des maisons rurales et des familles vivant de l’agriculture. À la fin des années 1930, un inventaire des ressources artisanales du Québec démontre que dans le comté municipal de Kamouraska, près de 2000 foyers possèdent un rouet. Dans L’Islet, ce nombre est estimé à 2100. Le rouet fait partie du patrimoine culturel du Québec. On en trouve toujours dans les boutiques d’antiquaires. Mais ceux fabriqués par Desjardins se font rares aujourd’hui.

Par Yves Hébert.