Les peuples s’unissent pour la Terreeliane_vincent20140517

LA POCATIÈRE – Ma collègue Virginie Guibert a présenté la semaine dernière le projet ambitieux des Peuples pour la Terre Mère, qui marcheront de Cacouna jusqu’à Kanesatake, , pour tenter de freiner les projets pipeliniers. À raison de 20 kilomètres par jour, ils arriveront le 14 juin à destination. J’ai rencontré la troupe lors de son passage à Rivière-Ouelle.

Alyssa Simon-Bélanger, co-porte-parole de la Marche, avait orchestré notre jonction. J’ai donc rejoint la quarantaine de marcheurs sur la route 132. Impossible de s’y méprendre : c’est bigarré, il y a des vélos, des guitares, des chansons, des drapeaux, un bébé, beaucoup de bonne humeur et cette ambiance bon enfant, caractéristique des manifs québécoises. Alyssa m’explique comment la collaboration entre les peuples autochtones et les blancs, un peu partout en Amérique, a réussi à freiner des projets semblables à ceux de Northern Gateway et TransCanada. « Nous luttons ensemble contre des projets qui menacent l’eau, la terre, tout ce à quoi on tient », affirme-t-elle.

Un kilomètre à pied…

Je tenais à rencontrer les marcheurs, curieuse de connaître quelle passion les pousse à parcourir 700 km durant 34 jours pour combattre des géants industriels. Me voilà donc marcheuse, le temps de quelques rencontres.

Pour Sophie Labelle de Leary, étudiante en enseignement et auteure-illustratrice d’albums jeunesse, il s’agit de continuer à porter le message des citoyens, qui visiblement ne s’est pas encore rendu jusqu’à l’oreille des décideurs. Elle n’a pas encore d’enfants, mais cela ne l’empêche pas de pousser ses convictions jusqu’à l’action citoyenne. « Je travaille avec la jeunesse, ça m’a convaincue qu’il faut absolument donner un Québec propre aux générations futures », dit-elle. Au point d’y passer ses vacances.

Nicholas Ouellet vient de Saint-Joseph-du-Lac, près d’Oka. C’est un étudiant en droit à l’Université de Montréal qui considère primordial de montrer son opposition. « Ces entreprises ont un historique de catastrophes année après année, c’est assez dramatique », expose-t-il. Il connaît le dossier de fond en comble, et malgré la puissance financière de ceux à qui il s’oppose, il affirme calmement que « l’important, c’est de sortir les communautés de leurs solitudes, créer un réseau où tous les citoyens connaissent les enjeux et les actions en cours. La Marche veut élargir le mouvement d’opposition, pas arrêter à elle seule les projets de pipelines. » Il est ravi de la collaboration entre les peuples autochtones, francophones, anglophones et de toutes les nations.

Parmi les nombreux véhicules – à moteur ou pas – qui nous frôlent, plusieurs coups de klaxons, de pouces en l’air et de salutations. Je demande à Nicholas comment les marcheurs sont reçus par la population. « C’est assez positif dans l’ensemble.

Ce jour-là, ils étaient une quarantaine à arpenter le Kamouraska. Qui peut dire combien ils seront à l’autre bout de leur route?