Ils sont nés de la vision d’un homme, mais leur naissance et leur épanouissement sont le fruit de la volonté de toute une école. Les Phénix football de l’École polyvalente La Pocatière n’étaient qu’un rêve qui demandait à perdurer dans le temps, il y a encore 20 ans de cela. Aujourd’hui devenue un incontournable de la vie scolaire de l’école, l’équipe est synonyme de réussite scolaire et sportive pour toute une génération de garçons qui ont porté ses couleurs.
Nancy Milliard, enseignante en éducation physique à l’École polyvalente La Pocatière, s’en rappelle comme si c’était hier. « Il y avait un terrain vague à côté de l’école. Quand il faisait beau, les élèves se ramassaient là pour jouer au football. »
Yvan Tardif, alors directeur de l’école polyvalente, a eu une idée : bâtir une vraie équipe de football juvénile. Le Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière avait déjà son équipe, les Wisigoths. L’école polyvalente avait de son côté ses Phénix au badminton, au volley-ball et au basket-ball, mais encore aucune équipe de football. « Le Rouge et Or de l’Université Laval venait de gagner sa première Coupe Vanier deux ans avant (1999). La popularité de l’équipe et du sport était à son paroxysme dans la région », se souvient l’ancien directeur.
Ne faisant ni une ni deux, Yvan Tardif s’est risqué à joindre Glen Constantin, entraîneur-chef pour le Rouge et Or. Une session d’information plus tard, le projet des Phénix football était mis en branle. « C’était l’hiver 2001. On était encore loin du moment où on allait commencer à jouer; on était encore à évaluer les besoins. Mais l’engouement était déjà là, autant chez les élèves que le personnel de l’école », soulève Yvan Tardif.
Débuts modestes
Les Phénix football sont nés « à partir de rien », sinon la volonté de toute l’école. Une quarantaine de garçons ont composé la première équipe à l’automne 2001. En parallèle, une équipe de cheerleading a vu le jour grâce à un groupe de filles de l’époque, qui était appuyé par quelques enseignants. D’autres élèves se sont impliqués dans l’aménagement du terrain ou dans les premiers soins, au même titre que les membres du personnel qui ont pris part par dizaines, durant plusieurs années, à tous les matchs locaux, la plupart en ayant un rôle précis au sein de l’organisation.
Yvan Tardif, ancien éducateur physique qui n’avait joué par le passé qu’une seule année de football collégial, a pris à sa charge le poste d’entraîneur-chef. « Personne ne le voulait et tout le monde s’est tourné vers moi. Je me disais que je n’avais pas le temps, mais j’ai fini par le trouver. » Jusqu’à ce qu’il soit nommé directeur de la Commission scolaire de Kamouraska–Rivière-du-Loup en 2003. Dès lors, une transition s’est installée avec Réjean Théberge qui a pris sa succession. Tout aurait pu tomber à ce moment, et les Phénix auraient pu disparaître après le départ de leur idéateur, mais après seulement trois saisons, la fièvre du football s’était propagée durablement dans toute l’école polyvalente. La pérennité de l’équipe était assurée.
Concilier sport et études
La création des Phénix football visait entre autres à stimuler les efforts scolaires chez les joueurs, et à les inciter à adopter un comportement exemplaire. L’équipe rassemblait donc autant des premiers de classe que des élèves avec plus de difficultés, ou marginalisés. « Le football a ce petit quelque chose de rough qui a permis à nos gars de faire ressortir leurs émotions, pas toujours positives, face à l’école, mais de façon canalisée et encadrée sur le terrain. Et ça, on le doit aux entraîneurs qui ont su se faire respecter en imposant une ligne de conduite à suivre », explique Nancy Milliard.
Albert Dubé, aujourd’hui employé chez Desjardins, peut en témoigner. « J’étais dans les “malcommodes” de l’école », reconnaît celui qui a été de l’alignement de l’équipe durant ses premières saisons. Sans le football à l’école polyvalente, il avoue qu’il aurait probablement décroché. « Ce qu’on nous demandait, c’était simple : suivre nos cours, avoir de bonnes notes et un bon comportement. Le football, c’était le bonbon. Si un des trois éléments ne fonctionnait pas, on n’avait pas droit au bonbon. Comme on cultivait un esprit d’équipe fort, ça nous forçait à être de meilleures personnes pour nous-mêmes, mais aussi pour nos chums, car on ne voulait pas les laisser tomber. Les Phénix, ça nous a élevés vers le haut », dit-il.
Retrouvailles
Les 20 et 21 mai prochain, des retrouvailles soulignant les 20 ans des Phénix football, et ouvertes à tous ceux qui ont gravité autour de l’équipe, sont prévues à l’École polyvalente La Pocatière. Un comité composé de Mathieu Lagacé, Albert Dubé, Jean-Philippe Dionne, Réjean Théberge, Michel Harvey, Nancy Milliard et Marc-André Caron — directeur de l’école polyvalente de 2003 à 2012 — travaillent à cet événement retardé depuis deux ans en raison de la pandémie. Le détail des activités prévues dans le cadre de ces retrouvailles et le formulaire d’inscription peuvent être consultés sur le site fondation-polylapoc.com. L’argent amassé par le biais de ces retrouvailles servira, entre autres, au renouvellement du matériel pour l’équipe de football des Phénix.