Est-ce que monsieur Daniel Paré, président-directeur général de l’Agence de la santé et des services sociaux de Chaudière-Appalaches, a bien lu le contenu de la loi 10? Comment ne pas être estomaqué à la lecture des propos de monsieur Paré tenus dans un article paru dans l’édition du 18 février 2015 de Beauce-Hebdo.
C’est à se demander sérieusement s’il a suivi les débats et a pris connaissance des nombreux mémoires présentés à la Commission parlementaire qui a précédé l’adoption, sous le bâillon, le 6 février 2015, du très controversé projet de loi 10. La grande majorité des intervenants étaient en désaccord et inquiets de la centralisation excessive de la gouvernance du réseau de la santé et des services sociaux qu’impose la loi 10 avec la création de nouvelles structures « mammouth » et confère au ministre un pouvoir démesuré sur les conseils d’administration des nouveaux centres intégrés de santé et des services sociaux (CISSS) qu’il nommera par ailleurs. Cette inquiétude s’est aussi reflétée dans l’opinion de la population lors de la publication des résultats d’un sondage réalisé pour le compte du Journal de Québec dans son édition du 5 février dernier.
Cette nouvelle réforme n’est qu’administrative et vise essentiellement une récupération budgétaire. Elle n’améliore en rien l’accès au réseau de la santé et des services sociaux qui souffre déjà d’importantes compressions budgétaires. De surcroît, elle éloigne encore plus le niveau décisionnel de la livraison des services à la population, isolant davantage les citoyens et les communautés locales face à un pouvoir hypercentralisé qui devra multiplier les paliers bureaucratiques intermédiaires pour rendre des comptes au ministre.
Où sont les économies?
Il faut aussi se questionner sur l’efficacité d’une gestion qui amalgamera des missions aussi diversifiées que la protection de la jeunesse, la santé publique, les services sociaux, les soins à domicile, etc.
À quelle porte, la citoyenne ou le citoyen devra-t-il frapper? Ça sent l’improvisation totale et pour preuve même les gestionnaires, y compris monsieur Paré, ne connaissent pas, à ce jour, les plans d’affectations de ressources pour la mise en place des nouveaux CISSS qui doivent être en fonction le 1er avril prochain. Dans un tel contexte d’improvisation, comment les travailleuses et travailleurs qui œuvrent auprès de la population au quotidien se sentent-ils? Ça, Monsieur Paré n’en parle tout simplement pas. Il préfère s’attarder à des aspects bureaucratiques de périphérie tout en s’assurant d’offrir ses services pour une future promotion.
Manifestement, ces priorités ne sont pas du côté des citoyennes et citoyens et encore moins de celui des travailleuses et travailleurs du réseau.
Ann Gingras
Présidente du Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches (CSN)

