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Oléoduc Énergie Est: Opération charme à Sainte-Louise

Le projet est dans l’air depuis le printemps et la catastrophe de Lac-Mégantic lui a donné un second souffle. Beaucoup de citoyens se sont donc sentis interpellés par l’annonce d’une rencontre d’information tenue par TransCanada à Sainte-Louise le 23 juillet dernier à propos de son projet d’oléoduc. Mais comme le veut l’adage, peu furent élus, et pas même les médias. La rencontre d’information s’adressait aux seuls propriétaires concernés par le tracé préliminaire et dûment invités par le promoteur.

Le Placoteux, tout comme d’autres représentants des médias, est donc resté dehors et a dû faire preuve de patience pour recueillir les impressions de la quarantaine de citoyens ayant assisté à la rencontre qui a duré presque deux heures.

Le projet proposé par TransCanada est public. Il s’agit de transporter entre 500 000 et 850 000 barils de pétrole brut par jour à partir de l’Alberta et de la Saskatchewan en direction des raffineries de l’est du Canada. Un trajet de 4400 km qui utilisera un tronçon déjà existant de gazoduc qui sera converti pour permettre le transport du pétrole. Et comme le projet prévoit d’acheminer ce pétrole jusqu’au Nouveau-Brunswick, il faudra construire un nouvel oléoduc et de nouvelles installations dites connexes. C’est de ce nouveau tronçon qu’il était question mardi soir dernier.

Selon les citoyens présents, le tracé préliminaire suivrait plus ou moins celui de la ligne à haute tension d’Hydro-Québec et traverserait sept municipalités du haut pays du Kamouraska – Saint-Onésime, Saint-Gabriel, Mont-Carmel, Saint-Bruno, Sainte-Hélène, Saint-Joseph et Saint-Alexandre – en plus de Sainte-Louise à l’ouest et de Saint-Antonin à l’est. Ce tracé doit être validé par des études de terrain et diverses études techniques et environnementales. Il ne serait confirmé qu’à la suite d’un programme de consultations publiques prévu à la fin de l’été.

Projet d’intérêt public

Dans le contexte des débats sur la sécurité dans le transport des matières dangereuses, le projet de TransCanada aurait été présenté comme une alternative fiable et sécuritaire au transport par route ou par rail. Mardi soir, l’entreprise aurait beaucoup insisté sur les éléments de sécurité présents sur toute la longueur de l’infrastructure. Vannes de sécurité capables d’isoler des sections de l’oléoduc en cas de baisse de pression, surveillance aérienne régulière, inspection interne des conduits et de nombreuses autres opérations de surveillance et d’entretien ont été mises de l’avant par TransCanada.


M. Sébastien Demers a trouvé un peu cavalière la convocation de dernière minute de TransCanada, en pleine période de vacances. Il s’est néanmoins présenté à la rencontre en compagnie de sa conjointe, Mme Gabrielle Lévesque-Baudet.
Photo: Éliane Vincent

Inquiétudes

Cette opération de charme aura néanmoins laissé quelques propriétaires sur leur appétit. C’est M. Sébastien Demers, un citoyen de Saint-Onésime étonné de la tenue d’une telle séance d’information en pleine période de vacances et sur un avis de quelques jours à peine, qui a alerté les médias. Sa conjointe, Mme Gabrielle Lévesque-Baudet, a confirmé au Placoteux qu’elle restait un peu perplexe devant les informations fournies par TransCanada : « Ils ont été très professionnels, très rassurants et n’ont pas esquivé les questions des citoyens, mais on se sent quand même impuissants face à une décision qui semble être déjà prise. » Selon Mme Lévesque-Baudet, « l’entreprise doit présenter un plan d’urgence à l’Office national de l’énergie, mais ils se réservent le droit de retirer le projet si les normes leur paraissent trop élevées. Ça laisse songeur… »

Par ailleurs, Le Soleil a publié le 19 juillet dernier un article soulignant que le tracé préliminaire de l’oléoduc est situé au cœur d’une zone sismique reconnue. Il ne semble pas en avoir été question mardi soir, mais les citoyens n’en restent pas moins préoccupés.

Consultation publique et mobilisation citoyenne

Les élus des municipalités de Saint-Onésime, Saint-Gabriel-Lalemand, Mont-Carmel et Saint-Bruno ont été rencontrés le 11 juillet dernier à Saint-Pascal. Selon Radio-Canada, on les aurait informés que l’oléoduc ne devrait pas traverser de zones habitées, ce qui ne semble pas correspondre à ce que les propriétaires auraient retenu de la rencontre de mardi dernier.

Par ailleurs, une séance publique d’information serait prévue à la fin de l’été 2013. D’ici là, un groupe de citoyens se mobilise pour tenter de mieux comprendre les enjeux induits par le projet d’oléoduc. Une page Facebook a été créée  et une rencontre est prévue le 8 août prochain à 19 h à la salle municipale de Mont-Carmel.