25 septembre, il est 16h30 et je suis déjà rendu à l’endroit que j’ai choisi pour ma chasse du soir. Je vérifie la température sur mon GPS, il fait 14 degrés Celsius et il vente encore un peu trop à mon goût. Puisque le vent diminue tout de même tranquillement et que la température est en descendant, je décide de patienter encore avant d’émettre mes premiers appels. D’expérience, je sais qu’il est préférable d’attendre le bon moment avant de débuter à caller. Pour moi, le vent doit avoir diminuer de beaucoup en intensité et la température doit être de 12 degrés Celsius ou moins. Bien entendu, si le vent ne semble pas vouloir tomber, je tenterai des appels entre deux bourrasques au lieu de ne rien faire mais ce n’est pas le cas ce soir et ce n’est pas une demi-heure d’attente qui diminuera mes chances de succès. Vers 17h30, les conditions climatiques que j’attendais sont réunies et je peux débuter. Je lance quelques appels langoureux mais je me rends rapidement compte qu’à l’endroit où je suis, le call ne porte pas suffisamment. Je décide donc de me déplacer d’environ 100 mètres et d’essayer à nouveau. Wow, de cet endroit la magie opère et c’est avec beaucoup de confiance que je courtise les mâles de mon secteur.
Soudainement après à peine 5 minutes, j’entends une timide réponse au loin. J’attends alors une deuxième réponse pour confirmer que je n’ai pas rêvé. C’est bel et bien un buck qui s’en vient vers moi et il progresse rapidement dans ma direction. Tant qu’il me répond je ne fais rien et je suis attentivement sa progression. Il faut comprendre que tant qu’un mâle vous répond et se dirige vers vous, il est préférable de demeurer muet pour éviter de faire une erreur. Après avoir parcouru une bonne distance, le mâle s’arrête soudainement. Je n’attends alors pas plus de 5 secondes et je lance une plainte dans sa direction. Il ne lui en faut pas plus pour qu’il recommence à me répondre et se diriger vers moi. Lorsque le mâle s’est arrêté, il voulait simplement que la femelle confirme sa position avant de recommencer à avancer vers elle. En pareille situation, il est capital de lui répondre en quelques secondes lorsqu’il a cessé d’avancer vers vous car vous empêchez ainsi le mâle de se servir de tous ses autres sens et d’analyser la situation. Je vous dirais que c’est l’erreur la plus commune qui est commise par les chasseurs. En hésitant, l’orignal commence à douter et ses décisions ne sont plus dictées que par son taux de testostérone élevé mais aussi par son instinct de survie. Il met alors tous ses sens en éveil, va chercher assurément son vent et écoutera les moindres bruits suspects ce qui n’est pas nécessairement le cas si vous réussissez à le faire venir en maintenant son taux d’excitation au maximum. Pour revenir à mon orignal, celui-ci a fait deux autres arrêts du genre avant que je puisse l’apercevoir. Chassant à l’arbalète, je l’ai vu apparaître droit devant moi à peine à 30 mètres mais rien n’était portant encore gagné. Il me restait un autre petit stratagème à exécuter avant d’avoir une chance de le récolter. Je dirigeai alors un faible appel vers ma gauche pour lui faire croire que j’étais un peu plus loin encore et par le fait même pour le faire passer parallèlement à moi. La stratégie a fonctionné et le mâle de 45 pouces de panache m’a alors offert à découvert sa zone vitale. Ma flèche a alors traversé les deux poumons et la bête a été retrouvée à moins de 100 mètres de l’endroit du tir. Ce qui est impressionnant dans ce récit c’est qu’il s’est écoulé moins de cinq minutes entre la première réponse et le tir. En agissant comme je l’ai fait, j’ai empêché ce mâle de penser et j’ai pu le diriger exactement où je voulais. Je vous en souhaite autant!