Tous le savent, les évaluations municipales — et par le fait même, les taxes — ont explosé à Saint-Pascal. Avec plus de 8 M$ de dettes, en plein ralentissement économique, et avec le projet du Centre Robert-Côté au coût de 8 M$ (pour une minime somme de 2,2 M$ d’aide financière), il n’y a rien d’alléchant à vivre dans cette ville, ou plutôt dans ce gros village.
Nos décideurs font des choix sans faire de sondages auprès de leurs citoyens, les contribuables, ceux qui les ont élus. Le Centre communautaire Robert-Côté est un bon exemple : tout a été décidé, entériné, « ratifié » durant les mois de juin à août de l’an passé lors de petites séances extraordinaires, alors que les citoyens étaient en vacances!
Jamais, dans les mois précédents, on n’a demandé aux citoyens leur opinion sur ce projet coûteux, en les invitant à une grande consultation publique ou par un référendum! Le tout aurait été très facile par le biais de ces petites feuilles vertes ou jaunes dans nos cases postales, comme la Ville le fait si bien lorsqu’il est question de faire bouillir l’eau contaminée. Et ensuite, malgré nos revendications, on se fait dire : « Vous n’aviez qu’à être présente aux séances du conseil si vous aviez quelque chose à dire! »
Ainsi, le conseil municipal a décidé d’aller de l’avant en choisissant le plus gros projet d’agrandissement et de rénovation du Centre communautaire Robert-Côté. Depuis des années, rien ne bougeait, mis à part des dépenses multiples pour des frais de consultants, afin de faire, défaire et refaire des plans et devis. Et tout à coup, tout doit être fait, et vite à part ça! Si elle avait été consultée sur les millions qu’il en coûterait, est-ce que la population aurait accepté ce plan ultra luxueux pour notre petite ville? Mis à part une certaine élite…
J’entends et je constate que les citoyens veulent des réfections de rues et de l’eau saine dans la municipalité. D’ailleurs, le directeur général était en place en 2020, alors que Saint-Pascal a reçu 1,3 M$ du fédéral et 1,3 M$ du provincial pour moderniser les réseaux municipaux d’alimentation en eau potable, de gestion des eaux pluviales, et de collectes des eaux usées. La Ville envisageait d’investir elle-même 669 000$ pour le remplacement d’environ 3376 m de conduites pour améliorer les aqueducs ainsi que les systèmes d’égouts sanitaires et pluviaux. Ces belles nouvelles ont été publiées dans Le Placoteux à cette époque!
Quelles réalisations ont été faites, alors qu’on disait déjà depuis plusieurs années qu’il était « urgent » de réparer les rues Blondeau, Chapleau et St-Elzéar? Et s’ajoute à cela Sergerie… Aujourd’hui, la Ville « retourne » ce 3 M$ d’où il vient et fait une demande de 10 M$, car « ça coûte ben plus cher »! Pourquoi rien n’a été fait avec le 3 269 000$ alors qu’on avait les ressources en main? Aucune réponse valable n’est donnée lorsqu’on questionne le tout aux séances du conseil.
Et maintenant, on parle d’un projet de 11 M$ pour rénover notre Centre sportif! « Il est grand temps, il a 50 ans! » a-t-on entendu à la séance du conseil du 11 mars dernier. « Et nos réseaux d’aqueduc et pluviaux ont aussi plus de 50 ans », me suis-je entendue dire… On apprend en plus que les élus ont déjà entamé de sérieuses discussions par rapport à une piscine trois saisons.
En mon for intérieur, je rêve d’une invitation à participer en grand nombre pour prendre des positions justes et faisables pour notre communauté. Nous sommes dans une ère où les priorités doivent être le retour aux sources, aux valeurs, aux actions simples et économiques, à l’humanisme et à la santé. Et le tout commence par l’eau saine et potable pour nos maisons, des réseaux d’aqueduc et pluviaux réparés, un réaménagement décent des rues afin qu’il n’y ait plus d’inondations comme celles vécues en 2007 et 2023. Des demandes récurrentes pour la plupart.
Une tension s’est clairement fait ressentir à la dernière séance du conseil municipal, le 11 mars. Des gens s’étaient mobilisés pour nommer leur mécontentement et leurs inquiétudes face aux futurs projets. On demandait de mettre un frein aux dépenses extravagantes, vu les hausses de taxes et les dettes actuelles. Des questions très importantes ont été mises sur la table, mais si peu, ou pas d’ouverture à entendre des opinions divergentes par rapport à la planification stratégique déjà établie. On pouvait observer un agacement évident, dans le genre « pas touche à nos plans! ».
Et même si cette séance a été courte, ce soir-là, il y a eu limitation du temps de parole à la période de questions. Des gens sont retournés chez eux en n’ayant pas pu s’exprimer ou poser leurs questions aux membres du conseil. À mon avis, ce n’est pas ça de la démocratie. Surtout après m’être fait dire, quelques mois auparavant, que « c’est le devoir des gens de se présenter aux séances du conseil, de s’informer et de prendre parole quand il est temps ». Donc, il est trop tard pour le Centre Robert-Côté, mais pour le reste?
Malheureusement, comme beaucoup de citoyens, je ne suis qu’une débutante, une amatrice dans le monde municipal, et je ne comprends pas toujours bien « leurs règles ». En séance, je croyais que l’on pouvait donner notre opinion sur des situations, et faire changer ou avancer des choses. Aucunement! Quel sentiment d’inutilité pour mes concitoyens, alors que je prends la parole pour des gens qui n’osent pas, ou qui craignent des représailles s’ils nomment des situations indésirables…
J’ai donc appris qu’au conseil, tu dois te taire et attendre la période de questions. Et, tout est déjà préparé, décidé et approuvé d’avance. Les caucus se font avant d’être filmés. Et les gens qui prennent la peine de se présenter dans la salle n’ont rien à dire. Rien! On cherche la place du citoyen dans tout ça! Et ça ne donne pas le goût d’y retourner, bien regrettablement.
On fait quoi maintenant? Où sera la place des citoyens dans les plans des élus? Et si on demande à prendre parole, être consulté, écouté, entendu, respecté, ce sera quand et où? Personne ne veut balayer des projets du revers de la main ni refuser l’amélioration nécessaire des structures en place. Par contre, à quel prix, dans la conjoncture économique actuelle? Et pourquoi ne pas faire avec les subventions accordées, sans exiger des millions de plus aux citoyens qui en ont plein les bras?
Les élus se doivent d’ouvrir le dialogue avec les contribuables. Au bout du compte, c’est grâce à ceux-ci que ce conseil est en place. Il est important d’imaginer ensemble notre petite société. Sinon, vaut mieux déménager.
Et si on prenait le temps de repenser nos superbes espaces, qui sont inaccessibles gratuitement pour des activités en famille ou entre amis? Comme le Camp Richelieu, qui nous est interdit à longueur d’année, à moins de payer?
Je me demande comment je vais expliquer à mes enfants ce que c’est le monde municipal, ce que les élus font pour les citoyens qui ont mis leur confiance en eux. Je me demande comment je vais leur dire que les élus se doivent d’être à l’écoute des besoins de la majorité des citoyens et non d’une certaine élite afin qu’ils fassent les meilleurs choix possibles pour une ville et des finances en santé. Comment vais-je les convaincre d’aller voter et de croire que leur voix en tant que citoyen sera entendue et respectée?
Pour moi, le devoir des élus n’est pas que de réaliser des projets matériels, mais aussi de rassembler et de promouvoir la santé, la sécurité et la protection de notre environnement. Se préparer à la protection de nos forêts contre la construction de parcs d’éoliennes qui rempliront les poches des promoteurs et du gouvernement, alors que notre énergie en région suffit. Planifier des projets de milieux bigénérationnels pour l’avenir. Responsabiliser et s’associer à la communauté pour prendre soin de façon plus importante de nos aînés et de nos enfants à qui nous laissons des dettes insoupçonnées hypothéquant déjà leur avenir.
S’il vous plaît, tous ensemble, réfléchissons.
Nathalie Dionne, Saint-Pascal