Le pacte fiscal transitoire, annoncé le 5 novembre par le gouvernement du Québec, réduit de 300 M$ le budget alloué aux municipalités. Les Conférences régionales des élus (CRÉ) et les Centres locaux de développement (CLD) sont abolis. Leurs responsabilités sont transférées aux MRC. Plus de pouvoirs aux MRC? Pas vraiment, dit-on. Mais plus de responsabilités sans que l’argent soit au rendez-vous, semble-t-il. Voici ce qu’en pensent deux préfets de notre région.
Après le préfet du Kamouraska, M. Yvon Soucy, qui s’exprimait la semaine dernière dans l’édition Kamouraska-L’Islet du Placoteux au sujet du pacte fiscal, c’est maintenant au tour du préfet de la MRC de Montmagny, M. Jean-Guy Desrosiers, de prendre la parole.
La semaine dernière, le préfet du Kamouraska mentionnait : « Le ministre des Affaires municipales fait beaucoup confiance aux MRC. » Il ajoutait : « Malgré toutes les coupes dont on fait état dans le pacte fiscal, on voit que l’on souhaite amener un nouveau mode de gouvernance et ça fait longtemps que l’on revendique l’autonomie. »
Mais les moyens financiers espérés n’ayant pas suivi, comment les MRC vont-elles s’organiser pour gérer et rentabiliser les nouveaux « acquis » et pour minimiser les pertes d’expertise et de services pour les entreprises et les citoyens? Les réponses sont en ce moment un peu diffuses. L’on est encore au stade de la réflexion.
CLD de Montmagny
Pour le préfet de la MRC de Montmagny, M. Jean-Guy Desrosiers, il y a un bémol en ce qui concerne cette autonomie accrue des MRC par ces transferts de responsabilités. « Ça renforcerait l’autonomie des MRC, si le chèque avait suivi la délégation de responsabilités », affirme-t-il.
« À mon sens, dit-il, les MRC n’auront pas plus de pouvoirs qu’avant. Par le passé c’était le ministère des Affaires municipales et de l’occupation du territoire (MAMOT) qui était responsable des CLD. Il se servait des MRC pour définir les attentes du milieu. Pour nous, ce qui était important c’était les résultats du travail des CLD sur le territoire, en fonction des objectifs de la MRC. Alors avec l’abolition des CLD, ça ne nous donne pas plus de pouvoir, mais plus de responsabilités. »
« Auparavant, d’ajouter M. Desrosiers, les MRC n’avaient pas un rôle de responsabilité majeure en regard des résultats financiers des CLD, parce que c’était sous la responsabilité du MAMOT. Mais maintenant cela dépendra directement de la MRC. Nous aurons des obligations de vigilance. » D’autant plus que l’amputation budgétaire est, selon lui, plus élevée que ce qu’on dit. De l’ordre de « 60 % du budget initial. Nous avions 566 000 $. Ça représente environ 300 000 $ de réduction budgétaire. » On devra faire avec.
Des solutions?
Récupérer, en partie, les « spécialistes » qui œuvrent dans les CLD pour les intégrer à la MRC. M. Desrosiers pense, entre autres, à ceux œuvrant en ruralité, en milieu des affaires et en tourisme, ce dernier secteur ayant d’ailleurs déjà été sous la responsabilité de la MRC. Il mentionne d’ailleurs que bien que c’était le CLD qui était maintenant responsable du tourisme, « 97 % du budget venait des municipalités » de la MRC. L’argent du Pacte rural pourrait également être mis à contribution pour payer des ressources humaines en développement rural.
En ce qui concerne le développement économique, il avance que l’on pourrait également travailler en partenariat avec le Centre d’aide aux entreprises (CAE), lequel a une expertise en la matière. Il croit qu’il faut utiliser les ressources du milieu, sans dédoublements et sans fusions.
« Nous allons avoir à faire un exercice de chiffres », de dire Jean-Guy Desrosiers. « On va regarder de combien d’argent on dispose. Comment on peut le maximiser en modifiant certaines structures. Et on essaiera d’avoir le maximum de ressources qualifiées pour faire le travail de développement économique. Il faut que ça se poursuive. On ne peut pas tout balayer du revers de la main », renchérit-il.
La CRÉ
La CRÉ c’était « une table où l’on pouvait partager les problèmes communs des MRC », de dire M. Desrosiers. L’on pouvait aussi y faire avancer des projets régionaux. « Les CRÉ étaient le bras droit du gouvernement et devenaient des organismes de concertation régionale, tout en étant l’intervenant privilégié auprès des instances gouvernementales » mentionne-t-il. « Il va falloir trouver une solution pour le perpétuer [ce rôle] ».

