MONTMAGNY – Le directeur général de la Société d’agriculture du comté de Montmagny (SACM), aussi directeur de l’Exposition provinciale, M. Christian Pons, n’est pas ébranlé par la tempête médiatique qui a soufflé sur Québec la semaine dernière et qui laissait entendre que la Capitale pourrait ramener la foire agricole, peut être même le jugement provincial des animaux, à la suite d’une baisse désastreuse de la fréquentation, attribuée à l’abandon de ce secteur.
Il n’est pas question que Montmagny perde le jugement provincial des animaux, acquis il y a deux ans à la suite de l’abandon par Québec. Christian Pons est catégorique là-dessus.
De plus, avec la SACM, il a mis le cap sur le développement pour faire rayonner l’Exposition provinciale à Montmagny, développer les collaborations entre régions, mettre en valeur les particularités régionales et, même, s’ouvrir à des partenariats internationaux.
D’ailleurs, au moment de l’entrevue, le directeur général a montré une lettre du député de la Côte-du-Sud, M. Norbert Morin, aussi vice-président de la Commission de l’agriculture, des pêcheries et de l’alimentation, adressée au consul général de France. Il y affirme son appui pour les actions de développement de partenariats entre les foires agricoles françaises et la SACM.
Le député mentionne qu’au cours des « 20 dernières années, le Québec est passé des balbutiements en matière d’activités agroalimentaires à un secteur bien établi dans l’économie de la province ». Il souligne l’expertise de Montmagny en ce qui concerne la présentation des jugements d’animaux, pour les producteurs venant de partout au Québec.
Rencontre internationale
M. Pons annonçait aussi qu’il allait participer en tant que délégué de la SACM et administrateur de l’Association des expositions agricoles du Québec (AEAQ) au congrès de l’International Association of Fairs and Expositions, à Las Vegas.
Du 7 au 11 décembre, pas moins de 4 000 membres de plus de 400 foires d’un peu partout dans le monde s’y réuniront. L’on y discutera, entre autres, de marketing, de mise en marché, de promotion, de technologies et d’éducation populaire.
« C’est un excellent endroit pour voir les tendances, les nouveautés dans les foires et surtout voir comment se présente la partie agroalimentaire. D’aller voir quelles sont les nouvelles niches, le côté vente des événements. Bénéficier des expériences des autres. Voir comment ils élaborent leurs programmations », et faire des contacts.
Québec
« À Québec, ce que veulent voir les gens c’est des agriculteurs au centre-ville. Ce n’est pas le jugement des animaux », ce sont deux choses différentes, soutient M. Pons.
« Québec est un bel endroit pour donner de l’information. Expliquer à la population, aux citadins, l’agriculture moderne, ce qui se fait dans les champs. Comme pour nous d’ailleurs. Ça permet aux gens de mieux consommer. D’avoir une vision sur l’agriculture qui est beaucoup plus intéressante », mentionne-t-il. Il ne faut toutefois pas confondre agroalimentaire, agriculture et jugements d’animaux, de faire remarquer M. Pons.
Ce qui ressort en ce moment c’est que Québec aurait dû y penser deux fois avant d’évincer l’agriculture, comme l’affirmait aux médias le chef de l’opposition municipale, M. Paul Choiry.
Dans ce brasse-camarade, la vice-présidente du comité exécutif de la Ville, Mme Julie Lemieux parle de « revenir à l’âme d’Expo-Québec », mais on ne sait pas trop ce que cela signifie.
Ce qui est clair, c’est que Montmagny n’a pas l’intention de se laisser damer le pion par Québec qui, comme le faisait remarquer M. Pons, a, sans égard du passé, laissé tomber le monde agricole. « Même le Temple de la renommée de l’agriculture a été sorti de leurs murs, très rapidement. C’est Saint-Hyacinthe qui a l’a accueilli », souligne-t-il.
Le directeur général parle sans amertume. « Ce qui se passe à Québec, ça les concerne », lance-t-il. Québec n’a fait aucune approche pour demander conseil à l’AEAQ. « Nous les regardons aller », de dire M. Pons. « On peut être leader dans beaucoup de domaines, ajoute-t-il, mais même un leader a besoin d’être appuyé ».
Québec peut bien ramener l’agroalimentaire et des animaux. À ses yeux, plus on parle du monde agricole, mieux c’est. « Mais nous avons investi tant d’énergie et de sommes d’argent. Tout Montmagny a investi dans ce dossier-là… C’est clair qu’il n’y a aura pas de retour des jugements d’animaux à Québec », répète-t-il.
« La finale du jugement animalier ce n’est pas un jouet que l’on jette, comme ça, quand ça ne nous plait plus. Et pour Montmagny, l’acquisition du jugement c’est un coût d’un demi-million », soutient-il. Cette perte serait lourde autant pour la SACM, que pour Montmagny.
De plus, souligne-t-il, « on n’attribue pas la finale des jugements animaliers, comme ça, sur demande ».
Appui de l’UPA et bilan positif
« D’ailleurs, hier [mercredi] dans la discussion avec le président de l’UPA M. Groleau, lorsqu’il dit : “le jugement est à Montmagny, il va y rester“, je sais déjà qu’il comprend la différence entre donner une activité de plus, parmi tant d’autres, aux gens de Québec, ou avoir un jugement qui est l’activité centrale d’une région », explique-t-il.
Alors qu’Expo Cité (Québec) se retrouve avec un énorme déficit, à Montmagny on dégagera des profits de quelques milliers de dollars pour 2014. Les chiffres exacts seront connus ultérieurement, tout comme le plan d’action. Les associations d’éleveurs seront contactées dans les prochaines semaines. M. Pons annonce déjà qu’il y aura plus d’espaces couverts [chapiteaux] qui permettront d’accueillir plus d’animaux.
Prix d’entrée
La tarification « unifiée », telle que pratiquée à Québec, à plus de 25 $ pour toutes les activités – site, spectacles et manèges – a fait fuir une partie de la clientèle. À Montmagny, on n’entend pas faire cette erreur.
« Ici, dès 2015, la bonne nouvelle, d’affirmer M. Pons, c’est que nous allons revenir à des tarifs beaucoup plus raisonnables. L’entrée au-dessous de 10 $. Ceux qui voudront aller dans les manèges pourront acheter une passe ». De plus, « il y aura une journée famille défiant toute concurrence », a-t-il ajouté.
« À l’AEAQ, nous sommes dans une phase de changement pour les expositions agricoles du Québec. Nous allons faire un virage complet. Nous sommes une équipe dynamique. Et nous sommes en train de créer des associations, des liens entre les expositions, pour pouvoir maintenir notre niveau de qualité et de services à la population. Le programme sera chaque année évolutif. L’année 2015 sera révélatrice », de conclure Christian Pons.