En décembre dernier, à l’occasion de la sortie de son plus récent roman « Letendre et l’homme de rien », Le Placoteux annonçait la nomination de l’écrivain Pierre Caron au poste de directeur littéraire de la section romans aux Éditions Fides. Le journal a voulu en apprendre davantage sur les nouvelles fonctions de celui qui signe la Chronique du temps qui passe.
LE PLACOTEUX – Pierre Caron, en décembre dernier, lors de la publication de votre plus récent roman « Letendre et l’homme de rien », nous annoncions votre nomination à titre de directeur littéraire de la section romans aux Éditions Fides. Quelles seront vos fonctions ?
PIERRE CARON – Choisir, parmi les manuscrits reçus, ceux que nous publierons, et convaincre de bons auteurs de venir se faire éditer chez nous.
LE PLACOTEUX – Ce poste existait-il avant votre nomination?
PIERRE CARON – Non, car la maison Fides publiait très, très peu, de romans.
LE PLACOTEUX – Quels sont les objectifs que vous vous êtes fixés?
PIERRE CARON – La publication d’excellents ouvrages romanesques, œuvres d’écrivains résolus à fournir les efforts nécessaires pour parfaire un manuscrit au maximum de son potentiel. Fides se veut la maison de la belle littérature grand public, elle ne transigera pas sur la qualité. Mes patrons ne m’imposent aucun quota : je ne suis pas contraint de publier un nombre minimum de romans par année, seulement d’en publier de très bons, à tout égard. On constatera rapidement que les auteurs publiés chez nous en sont de grande valeur et bientôt, publier un roman chez Fides sera source de fierté pour eux.
LE PLACOTEUX – Combien une maison comme Fides reçoit-elle de manuscrits par année?
PIERRE CARON – Si on parle de romans exclusivement, autour d’une centaine. Mais depuis que je propage la nouvelle que cette maison se lance résolument dans la publication d’œuvres romanesques, ce nombre va croissant.
LE PLACOTEUX – Combien sont retenus?
PIERRE CARON – Impossible de donner un chiffre, tout dépend de la qualité des manuscrits reçus.
LE PLACOTEUX – Comment se fait le choix d’un manuscrit?
PIERRE CARON – En premier lieu, ce choix tient à la qualité de l’écriture. Puis, au sujet. Ensuite, à la personnalité de l’auteur. Car ce sont des auteurs que l’on publie chez Fides, pas seulement des romans. S’il nous apparaît que celui qui a écrit tel manuscrit n’en écrira pas d’autres, que ce n’est pas une personne résolue à mener une carrière d’écrivain, qu’il n’est pas un lecteur d’habitude –ceci est très important- et qu’il a commis tel texte en intermède dans sa vie, nous ne le publierons pas.
LE PLACOTEUX – Est-il fréquent qu’un manuscrit refusé par une maison d’édition soit publié par une autre et connaisse un succès ?
PIERRE CARON – Évidemment. Il est des manuscrits que je refuserai parce qu’ils traitent d’un sujet qui ne cadre pas avec nos politiques éditoriales, mais avec celles d’une autre maison d’édition. Puis, il y a ceux qu’un autre éditeur accepterait de corriger et corriger, de réécrire même, ce que nous ne ferons pas chez nous. Je connais un éditeur qui a investi plus de 60 000$ dans la correction d’un livre…L’ouvrage a obtenu du succès, mais cela n’a pas pourtant crée un écrivain…
LE PLACOTEUX – Pour vos lecteurs qui s’en inquiètent, est-ce que votre poste de directeur littéraire vous amènera à délaisser l’écriture?
PIERRE CARON – Surtout pas. Si je devais me retrouver devant un choix, c’est ma carrière d’écrivain que je choisirais sans une seconde d’hésitation. D’ailleurs, tous mes livres à venir ne seront pas publiés chez Fides. Je demeure un écrivain libre, si je peux dire, et de fait, mon prochain ouvrage sort aux Éditions de l’Homme le mois prochain.
LE PLACOTEUX – Comment une maison comme Fides s’adapterait à l’arrivée du livre électronique, par exemple?
PIERRE CARON – Comme le cinéma s’est adapté à la télé et la télé à Internet. Les nouvelles technologies ajoutent au choix, elles ne remplacent pas.
En terminant, je voudrais aussi préciser que chez Fides nous désirons publier plusieurs auteurs qui vivent en région, hors Montréal et ses alentours. Il m’a toujours semblé — et je l’ai plus d’une fois dénoncé —, qu’on montréalise par trop la culture littéraire. Mais hors Montréal existe tout le Québec avec ces diversités culturelles, et beaucoup d’écrivains, qui souvent doivent publier leur œuvre à compte d’auteur, sont très talentueux et méritent d’être édités par une grande maison afin de rejoindre un plus vaste lectorat.
Lors d’une tournée des médias que j’effectuerai, de Québec à Rimouski, dans la première semaine de février, j’entends bien promouvoir cette intention