Le gouvernement du Québec annonçait récemment des coupures importantes dans ce qu’ils appellent les structures. Mais que se cache-t-il vraiment sous cette appellation désincarnée? Au Bas-Saint-Laurent, derrière le terme structure, il y a des acteurs du développement local et régional, des personnes qui ont à cœur le déploiement économique et l’essor des régions.
Dans le cas de la Conférence régionale des éluEs (CRÉ) du Bas-Saint-Laurent, il y a un lieu unique de concertation, un espace régional de débats sur des questions spécifiques à notre territoire, et ce, dans une vision intersectorielle. Il y a aussi une expertise, développée au fil des années, en collaboration avec des acteurs de la société civile et qui permet le développement d’une vision et des actions qui reflètent la spécificité de notre région en tenant compte du long terme. Il y a aussi le levier extraordinaire qu’est le Fonds de développement régional qui permet de conclure des ententes spécifiques dans les différents secteurs priorisés, dont celui de la culture. Cet appui permet à la région du Bas-Saint-Laurent de se démarquer par un foisonnement d’artistes, d’artisans, d’écrivains, d’organismes artistiques et culturels impressionnant, ce qui participe directement à la rétention des jeunes, à l’attraction des familles et au développement économique de notre territoire.
Derrière les structures se cachent aussi des Centres locaux de développement (CLD) qui permettent un accompagnement des entrepreneurs. Une porte d’entrée privilégiée pour le déploiement d’entreprises innovatrices qui participeront ensuite à l’économie de la région. Encore une fois ici, la structure dissimule des gens qui ont développé une expertise et une vision de la région, appuyées par des programmes permettant une souplesse d’investissement. De nombreux organismes culturels ont été appuyés financièrement au démarrage par l’entremise des différents fonds gérés par les CLD, des organismes qui n’avaient pas d’autre porte d’entrée au démarrage.
En ce qui concerne les Carrefours Jeunesse-Emploi, les coupures annoncées laissent présager la perte de plusieurs initiatives riches pour le développement local tel que le programme Place aux jeunes qui organise des séjours exploratoires et qui, depuis ses débuts, a incité plusieurs personnes à venir s’établir en région et à participer de ce fait, à l’essor de l’économie. En culture, ça représente de la nouvelle main-d’œuvre dans un secteur où le renouvellement est parfois difficile due au niveau de spécialisation demandée et à l’absence de formation dans plusieurs disciplines artistiques.
Le ministre des Affaires municipales, monsieur Pierre Moreau assure que « Les fonds d’aide seront maintenus, l’exercice est identique à celui annoncé en santé : réduire les structures au maximum tout en maintenant l’assistance aux entrepreneurs. » Le danger réside dans le fait de faire disparaître l’expertise et le pouvoir des régions derrière un mot qui appartient davantage à l’architecture qu’à la réalité sur le terrain.
Julie Gauthier, directrice générale
Conseil de la culture du Bas-Saint-Laurent