Place aux lecteurs: Les terres agricoles du Kamouraska sous la mire de Fonds d’investissementadmin20141202

Hé oui! C’est chez nous que ça se passe. C’est maintenant au tour des terres agricoles du Kamouraska de susciter l’intérêt de groupes d’investisseurs. En effet, ils sont ici et cognent aux portes des producteurs agricoles pour acheter des blocs de terres à gros prix, pour ensuite les faire cultiver par un partenaire. « Il n’y a rien de mal à vouloir faire de l’argent », me direz-vous?

Mais si on prend le temps de s’arrêter pour en analyser les impacts… L’achat de terres agricoles à prix élevé fait augmenter leur valeur foncière entraînant ainsi une hausse des terres du secteur d’où la difficulté encore plus grande pour la relève de s’établir et aussi, pour les entreprises souhaitant prendre de l’expansion de rivaliser avec ces investisseurs. L’accaparement d’une grande superficie des terres par un seul propriétaire limite le nombre d’entrepreneurs agricoles dans les municipalités venant affecter directement la vie sociale et économique du milieu soit avec une diminution du nombre de familles, d’enfants dans les écoles et j’en passe…

Pourtant, ces groupes d’investisseurs se présentent comme des sauveurs; ils prétendent travailler pour faciliter l’établissement de jeunes qui veulent faire de l’agriculture leur mode de vie. En réalité, que leur propose-t-on? Un modèle d’affaires qui leur permet de devenir locataires d’un lopin de terre. Ils se retrouvent en quelque sorte des employés engagés pour cultiver. C’est, dans les faits, bien différents de la ferme familiale que l’on connaît, où l’on gère son entreprise, libre de prendre ses propres décisions. Nous ne pouvons pas cacher notre inquiétude. Questionnons-nous sur le modèle d’agriculture que nous voulons pour demain?

La venue d’investisseurs fonciers met en péril l’agriculture à dimension humaine telle que nous l’avons connue jusqu’à présent. Les conséquences de la financiarisation et de l’accaparement des terres sont nombreuses autant pour la relève agricole et les entreprises existantes que pour la région. À quoi ressembleront nos villages dans quelques années si le phénomène prend de l’ampleur?

Soyons vigilants; nous sommes tous concernés par ce phénomène. N’oublions pas que les terres agricoles sont l’héritage de nos ancêtres qui les ont défrichées. Nous avons le devoir de les préserver pour pouvoir continuer à nourrir notre monde. Ensemble, disons NON à l’accaparement des terres!

Claire Lajoie, présidente
Syndicat de l’UPA de Kamouraska