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Place aux lecteurs: Quand la vie bascule pour Jean-Noël

Jean-Noël (nom fictif) était travailleur d’usine depuis plus de 25 ans et adorait son métier. Malgré un salaire modeste, il avait réussi à payer sa maison et contribuer aux études de ses enfants. Il avait amassé quelques économies en vue de la retraite et comptait contribuer davantage à son REER maintenant que les enfants étaient autonomes financièrement.

Sans fonds de retraite, il avait le souci de bien planifier ses vieux jours. En pleine forme, il comptait demeurer sur le marché du travail jusqu’à 65 ans. Puis, il espérait travailler à son rythme sur son lot à bois afin de profiter de la vie et bonifier ainsi ses revenus de retraite. Il rêvait aussi de faire enfin quelques voyages avec sa tendre moitié.

Mais voilà qu’à 57 ans, Jean-Noël se retrouve victime d’un accident du travail. Il se blesse au dos alors qu’il soulève une lourde charge.  La CSST accepte sa réclamation et lui verse des indemnités pendant 14 mois.  Puis, suite à diverses expertises demandées par la CSST et son employeur, la CSST détermine qu’il peut reprendre son emploi, et ce à l’encontre de l’avis de son médecin.

Après une tentative de retour au travail, Jean-Noël doit se rendre à l’évidence : il est incapable de conserver son emploi. Il fait une demande auprès de l’assurance-chômage et reçoit des prestations pendant 15 semaines. Puis, il se retrouve sans revenu et sans droit à la Sécurité du revenu parce que sa conjointe gagne 22 000$ par année.

Comme Jean-Noël a contesté la décision de la CSST, il doit maintenant engager des frais pour faire valoir ses droits. Ses économies fondent comme neige au soleil pendant que le salaire de sa conjointe suffit à peine à couvrir les dépenses courantes. Les traitements et le repos ne lui permettent toujours pas de reprendre une vie active. À 59 ans, il doit se résigner à accepter le fait qu’il ne pourra retourner au travail. Il a toujours de la difficulté à marcher, il n’est plus le même homme.

À 60 ans, il pourra faire une demande de prestations d’invalidité à la Régie des rentes afin de contribuer au revenu familial. Cependant, la retraite ne sera pas celle dont il rêvait. Même s’il a finalement gagné sa cause auprès de la CSST et reçu des compensations, ses économies sont épuisées et les prestations de la Régie des rentes à 65 ans seront moindres que prévu puisqu’il a cessé de cotiser à 57 ans. De plus, il ne pourra tirer de sa terre à bois les revenus d’appoint escomptés. L’accident du travail a complètement changé sa vie.

Adieu veau, vache, cochon… et voyages dans le Sud.  Malgré leurs nombreuses années de travail, Jean-Noël et sa conjointe se retrouvent au seuil de la pauvreté pour le reste de leur vie. Heureusement, ils ont le support de leurs enfants et le plaisir de voir grandir leurs petits-enfants! Aussi, ils sont heureux de constater que les liens qui les unissent sont plus solides que jamais malgré la tempête qui les a frappés de plein fouet et c’est là une richesse inestimable!

Micheline Pelletier de l’ATA
pour le groupe de réflexion et d’action contre la pauvreté (GRAP) Montmagny-L’Islet