Bien que la tragédie de Lac-Mégantic se déroule à 300 km de notre quotidien, elle nous a tous touchés et fait réfléchir. Sa fatalité ne peut laisser personne indifférent. Une catastrophe de la sorte ne peut être souhaitée par un être humain. Or, ce qui a semblé le plus révoltant, c’est justement le manque flagrant d’humanité des dirigeants de l’entreprise qui opérait le train qui a causé le drame.
Dans les jours qui ont suivi, l’entreprise Chemin de fer Montréal, Maine & Atlantique (MMA) s’est laissée désirer. Un communiqué rédigé uniquement en Anglais a d’abord été publié. Puis différents médias ont réussi à obtenir quelques entrevues avec les dirigeants… surtout par hasard! Bon… on repassera pour le volet “relations publiques” de MMA.
Pourtant, le Président de l’entreprise, Bob Grindrod, a affirmé qu’ils allaient prendre leurs responsabilités. Justement! MMA avait-elle une stratégie (avant l’accident) en ce qui concerne sa responsabilité sociale? Son site Internet plutôt épuré n’aborde pas ce sujet. Ne vaut-il pas mieux prévenir que guérir?
L’accident de Lac-Mégantic soulève plusieurs questions, mais la principale qui m’est venue en tête concerne la responsabilité sociale des entreprises (RSE). C’est un concept qui a vu le jour au début des années 2000. Il encourage les entreprises à tenir compte des répercussions que peuvent avoir leurs activités sur la société, sur l’environnement et sur l’économie.
Qu’on soit dans les Cantons de l’Est, dans Chaudière-Appalaches ou au Bas-Saint-Laurent, des entreprises transportent des marchandises dangereuses à travers les villes et villages. Sont-elles au courant des effets présents et futurs de leurs activités? Loin de moi l’idée de démoniser les entreprises privées, elles créent de l’emploi, développent les régions, inventent des techniques et des produits qui nous servirons pour l’avenir. Mais sont-elles aussi responsables?
Des entreprises de partout au monde ont signé le Pacte mondial des Nations Unies qui promeut la gestion responsable. Mais nul besoin d’aller aussi loin. Mettre en place une stratégie interne de responsabilisation sociale suffit à mon humble avis. Prendre en compte l’environnement, les communautés, les impacts positifs et négatifs des activités de l’entreprise sera beaucoup plus rentable à long terme. L’intégration d’une entreprise privée dans un milieu peut apporter tellement pour les citoyens et pour cette dernière.
MMA sera détestée pendant plusieurs générations (si elles ne tombent pas avant) et son évocation rappellera toujours la nuit du 5 au 6 juillet 2013 à Lac-Mégantic. Personne n’en voudra plus. Ne pas avoir tenu compte de la responsabilité sociale qu’elle avait au-delà des profits, et ce, tant au Maine qu’au Québec, lui coûtera assurément beaucoup.
Gabrielle Lavoie-Lévesque
Saint-Pacôme
