La semaine dernière Philippe Couillard nous faisait part de ses conditions de sécurité et d’acceptabilité sociale et environnementale, dans le dossier de projet du pipeline Énergie Est. Il ajoutait toutefois qu’il faudra bien faire passer le pétrole quelque part.
Les pétrolières canadiennes cherchent par tous les moyens à atteindre les marchés internationaux afin d’obtenir de meilleurs prix et de doubler leur production. En plus des 1.1 million de barils par jour qui traverseraient la Côte-du-Sud dans l’oléoduc, cela veut dire plus de pétroliers sur le fleuve en provenance du terminal de Sorel-Tracy, mais aussi plus de wagons de pétrole en direction du port de Belledune au Nouveau-Brunswick. La question de savoir si l’oléoduc est plus sécuritaire que le train ne se pose donc pas, car l’industrie mise à la fois sur le bateau, le train et le pipeline pour traverser le Québec. Qu’il y ait un pipeline ou non, il y aura plus de trains pétroliers qui traverseront Montmagny, L’Islet et La Pocatière si la population reste silencieuse. Le développement du transport ferroviaire et maritime progresse de façon indépendante et, à la différence des oléoducs, une bonne partie des infrastructures existent déjà et les projets peuvent cheminer sans demander d’autorisation.
L’exploitation des gisements de pétrole non conventionnel pose des défis environnementaux auxquels nos gouvernements n’osent pas s’attaquer. Aux États-Unis, les cas de contamination des eaux souterraines par les produits de fracturation se confirment de plus en plus autour des exploitations d’hydrocarbures de schiste. Dans le cas des sables bitumineux, au-delà des rejets massifs d’eaux contaminées non traitées, la combustion du gaz nécessaire pour liquéfier un baril de bitume produit autant de CO2 que si l’on brûlait un demi-baril de pétrole.
Pour le Québec, accepter de devenir un corridor pétrolier à trois voies, c’est accepter les pratiques d’une industrie qui refuse de se discipliner, c’est renoncer à nos objectifs de lutte aux changements climatiques, et c’est mettre notre environnement immédiat en péril. Pendant que la Chine et les États-Unis s’entendent sur des objectifs de réduction des gaz à effet de serre et que la responsable du dossier climatique à l’ONU et même la Banque Mondiale multiplient les mises en garde, nos politiciens provinciaux et fédéraux ont peut-être besoin d’entendre nos voix. Les solutions alternatives existent.
Pierre Bernier
Saint-Cyrille

