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Prise de parole à Saint-Germain

SAINT-GERMAIN – Une cinquantaine de citoyens du Kamouraska ont profité d’un coucher de soleil splendide et frisquet pour prendre la parole sur le parvis de l’église à Saint-Germain, le 9 avril dernier. Inspirés par le mouvement Touche pas à mes régions, ils veulent rebâtir une autonomie régionale, en partant de la base.

Comme les autres régions, le Kamouraska fait face au désengagement croissant de l’État envers les services à la communauté. En ville, les citoyens descendent dans la rue pour manifester. Au Kamouraska, douze citoyens, sous l’impulsion de Nicolas Paquet, ont choisi de poser des actions concrètes pour compenser les dommages. « Nous devons sortir du discours ambiant qui dit que les régions sont dévitalisées et qu’elles ne peuvent survivre sans l’aide du gouvernement. Nous sommes un milieu vivant, un pan à ne pas négliger de l’identité québécoise », a clamé Nicolas Paquet, cinéaste documentariste de profession.

Afin de partager cette réflexion avec le plus grand nombre, le groupe a organisé un rassemblement comme au temps jadis, sur le parvis de l’église. Soupe chaude, victuailles et tire d’érable ont été partagées, et quelques intervenants ont pris la parole.

Reprendre la gouvernance

Soulignant le talent et la qualité des entreprises qui se créent partout sur le territoire, Nicolas Paquet a démontré comment le financement sans cesse réduit des organismes de soutien hypothéquera le développement du Kamouraska.

Jérémie Caron, un biologiste résident de Saint-Germain, a rappelé les nombreuses réalisations de la Conférence régionale des éluEs (CRÉ) du Bas-Saint-Laurent. « C’était un espace de concertation et d’action incomparable. Le plan de mobilité durable, plusieurs dossiers environnementaux, un fonds d’investissement régional ont été réalisés par la CRÉ, avec une fraction des budgets engloutis dans des projets comme la Gaspésia », a rappelé M. Caron.

Il a ensuite plaidé pour que les citoyens se réapproprient les outils de gouvernance, pour les dirigeants locaux puissent disposer de leur propre pouvoir d’investir. « Ce n’est pas normal que les décisions qui impliquent les régions soient centralisées dans les grands centres, prises par des gens qui ne connaissent pas nos besoins », a conclu Jérémie Caron.

Enfin, Perle Morency, figure très impliquée de la région, a lu un extrait de l’essai de Roméo Bouchard, Y a-t-il un avenir pour les régions?, publié en 2013 chez Écosociété. L’auteur y démontre comment « les régions n’ont pas besoin qu’on les développe, elles ont besoin qu’on les laisse se développer elles-mêmes, par leurs propres ressources ». Il prône ainsi une restructuration de la gouvernance régionale, avec des propositions de modèles concrets.

Amorcer les changements

C’est sur le terrain, à partir des besoins du milieu, que ce groupe de citoyens (qui réfléchit encore à son nom) veut élargir son autonomie par rapport aux gouvernements centraux, afin, comme l’écrit Roméo Bouchard « de s’extirper du carcan de dépendance qui les tue, depuis 60 ans ».

Après un appel à la participation du public à la réflexion et la promesse d’autres rencontres sur d’autres parvis, les participants ont dégusté la tire d’érable. Certains en ont profité pour assister à la présentation de courts-métrages sur la filière pétrolière présentés par le groupe Tache d’huile au Théâtre des Prés.