Propriétaires de maisons ancestrales pas contents d’être cités

LA POCATIÈRE – Le projet de Ville La Pocatière de citer comme monument historique neuf maisons anciennes de son territoire se heurte à l’opposition d’un groupe de propriétaires qui craignent de ne plus être chez eux.

Propriétaire de la maison ayant abrité la première école d’agriculture, Mme Francine Leclerc a pris le leadership du groupe d’opposants. Bien qu’elle insiste sur le fait qu’elle s’exprime d’abord à titre personnel, Mme Leclerc soutient que six des neuf propriétaires concernés refusent de se voir imposer une telle citation.

Francine Leclerc reproche à la ville d’avoir mis les propriétaires devant le fait accompli et se sent lésée dans ses droits. Cependant, elle admet que les procédures légales ont été respectées. Les propriétaires ont pu, notamment, s’exprimer devant le Comité consultatif d’urbanisme.

« Personne sur ce comité, ni sur le conseil municipal, n’a la compétence et les connaissances requises relativement à la conservation du cachet historique de ma maison », affirme Mme Leclerc.

Inconvénients

Le projet de loi 82 sur le patrimoine culturel « confie aux propriétaires de biens patrimoniaux classés et cités la responsabilité de prendre les mesures nécessaires pour assurer la préservation de la valeur patrimoniale de ces biens. »

Francine Leclerc énumère une série d’inconvénients qu’un statut de maison citée monument historique entraîne. « Vous devrez dorénavant demander et obtenir une autorisation pour apporter toute modification à votre propriété », dit-elle.

Mme Leclerc ajoute que les primes d’assurance pourraient atteindre cinq fois le coût avant citation, sans compter l’évaluation d’expert de 1 500 $. Elle parle aussi d’une hausse des impôts fonciers et de la difficulté, comme lui a confirmé un agent d’immeuble, de revendre une maison citée.

Propriétaire modèle

Francine Leclerc juge inutile de citer sa maison comme monument historique, alors qu’elle a toujours pris soin de la rénover dans le respect de ses particularités et des règles du patrimoine, voire au-delà des exigences d’une citation. C’est aussi le cas des autres propriétaires concernés, selon Mme Leclerc.

Le maire de La Pocatière, Sylvain Hudon, reconnaît les efforts consentis par Mme Leclerc pour entretenir sa maison. Toutefois, dit-il, rien ne garantit qu’un tel souci serait apporté par des propriétaires subséquents. Selon M. Hudon, ce que la ville souhaite, c’est de protéger ces bâtiments dans le temps.

Amendements

M. Hudon reconnaît qu’une citation entraîne des inconvénients pour un propriétaire, toutefois, dit-il, la ville a proposé des modifications de façon à rendre le règlement moins contraignant. Il souhaite que la ville et les propriétaires en viennent à une entente sur la base du règlement modifié. Une rencontre est prévue mardi (7 juin).

Francine Leclerc propose que la citation comme monument historique se fasse de façon volontaire. Elle souhaite que le projet de loi 82 implique, afin de respecter les citoyens, le consentement obligatoire des propriétaires lors de la citation d’un bien culturel.

Obtempérer à une telle demande ne protègerait pas les propriétés, ajoute Sylvain Hudon. Le but est justement d’éviter que de tels monuments disparaissent ou soient jetés par terre pour faire place à des édifices modernes. Il préfère que le propriétaire soit accompagné dans le processus.

Village-relais

Sylvain Hudon réfute l’idée que la volonté de la ville de citer ces neuf maisons monuments historiques soit liée au projet d’obtenir le statut de village-relais. Les maisons avaient été inventoriées depuis quelques années et l’aspect histoire et architecture, bien qu’il soit un atout, n’est qu’un item dans une telle reconnaissance, dit-il.

Tel que définit sur le site Internet : « un village-relais est une municipalité reconnue par le ministère de Transports du Québec qui offre, avec l’aide de ses commerçants, une diversité de services et un lieu d’arrêt agréable et sécuritaire. En plus des services, les villages-relais offrent aux voyageurs des attraits touristiques, culturels et naturels, des aménagements de qualité et un environnement à leur image, donnant ainsi le goût aux visiteurs de prolonger leur séjour. »

Les maisons sont là, règlement ou pas, note Sylvain Hudon. Il n’y a aucun lien de cause à effet entre le projet de règlement et le désir d’obtenir la mention de ville relais, affirme le maire.