À quelques jours de notre Fête nationale, Le Devoir nous apprenait que le prénom anglais Liam, un diminutif de William, avait détrôné son frère siamois en 2019. Ainsi, un prénom anglais ayant dominé pendant cinq longues années consécutives dans la province of Quebec était remplacé par… lui-même. Mais amputé.
Côté féminin, Emma, prénom anglais, est détrôné par Olivia, tout aussi germanique. Gageons qu’en 2020, Olivia sera détrônée par… Livia.
Le poète et essayiste français Alain Borer, dans son recueil de réflexions sur la langue française De quel amour blessée (2015), rappelait que la pratique de raccourcir les mots, et notamment les prénoms, était typiquement anglaise et, jusqu’à récemment étrangère au français.
Je me demande ce qu’il nous restera à fêter quand tous nos enfants porteront des prénoms, puis des noms anglais. Restera-t-il encore des Marc Gélinas pour écrire des chansons comme Mommy Daddy (1971). Pour mémoire, je vous invite tristement à en méditer le premier couplet :
Mommy, Daddy, I love you dearly
Please, tell me how in French my friends used to call me?
Paule, Lise, Pierre, Jacques ou Louise
Groulx, Papineau, Gauthier, Fortin, Robichaud, Charbonneau
Mommy, Daddy, what happened to my name?
Oh ! Mommy, Daddy, how come it’s not the same
Oh ! Mommy, tell me why it’s too late, too late, much too late
Jean-François Vallée, La Pocatière