Retour sur la vidéo de la polyvalente de La Pocatière

Je suis la créatrice de la vidéo qui fait l’objet de votre éditorial. Lorsque j’ai lu votre article, j’ai eu le cœur en mille miettes.

Depuis plus d’un mois, nous sommes confinés à la maison. Nous ne voyons plus le sourire de nos élèves et nous n’avons plus ce contact privilégié avec eux, notre 2e famille. Cela me manque à moi et à mes collègues. Cette vidéo a été publiée sur la page Facebook de la polyvalente La Pocatière où la majorité des abonnés de cette page sont nos élèves, nos parents et nos anciens. Également, sachez que si vous allez voir dans les vidéos disponibles sur le site de la polyvalente, vous trouverez celui du G.É. En le regardant jusqu’à la toute fin, vous trouverez la raison du vidéo qui devait être mis en ligne vendredi dernier. Sachez que ce n’est pas parce que nous ne pouvons pas rentrer dans l’école que nous ne travaillons pas. Les enseignants doivent assurer un suivi avec les élèves et les parents. Ils doivent préparer du matériel pédagogique et le faire parvenir aux parents et j’en passe. Nos professionnels aussi ne chôment pas. Ils s’assurent que les élèves vont bien. Ils aident ceux qui en ont besoin. Nos directrices ne lâchent pas le fort non plus. Elles poursuivent le travail qui était en cours, elles ont des visioconférences pour trouver des moyens de repartir la machine, etc. On ne s’ennuie pas et surtout nous n’avons pas le goût de rester en petite boule dans notre salon en train de pleurer sur tout ce qui se passe. De plus, considérez que l’organisation et le montage de cette vidéo font partie de mon travail de technicienne en loisirs. Je suis responsable des activités étudiantes. J’adore lorsque les élèves s’allient aux enseignants pour réaliser des projets. Nous avons une école très dynamique et je tiens à conserver ce dynamisme même en confinement. Ce n’est pas une raison pour tout arrêter. Dans la vie normale, les enseignants veulent beaucoup participer aux activités, mais n’ont tout simplement pas le temps étant donné leur charge de travail immense. J’étais bien contente de voir les enseignants et membres du personnel qui ont pris le temps, au travers de leurs tâches quotidiennes, d’embarquer en si grand nombre dans ce beau projet. Dommage qu’ils n’aient pas eu le temps d’avoir la reconnaissance qu’ils méritent. Nous voulions aussi, par le biais de cette vidéo, donner du bonheur à nos élèves. Nous savons que plusieurs élèves s’ennuient de leur quotidien à l’école, de la famille qu’ils avaient l’habitude de retrouver du lundi au vendredi de septembre à juin. Je suis déçue que l’essence même de cette vidéo n’ait pas été comprise. C’est une vidéo d’espoir et de courage pour dire à nos élèves que nous allons bien et que nous pensons à eux. Nous avons pris de belles photos et de courts extraits pour nous exprimer au lieu de faire un beau et long texte que certains n’auraient peut-être pas lu jusqu’au bout. JAMAIS cette vidéo n’a été faite dans l’optique de montrer que nous étions plus privilégiés que le reste de la population. Au contraire, nous ne le sommes pas puisque lorsque nous retournerons à la polyvalente, il faudra travailler en double et en triple pour rétablir la situation, aider les élèves en difficulté et redonner le sourire à ceux qui ont souffert d’anxiété durant cette crise. Il y a aussi tant de questions de nos finissants qui ne veulent pas terminer ce chapitre de leur vie sans bal, sans reconnaissance, etc. Ce ne sera pas rose. Cependant, je suis de nature positive (tout comme la vidéo) et je serai heureuse et souriante avec les élèves lors du retour à la vie normale. Je vis peut-être dans un monde de licorne, mais dans mon monde nous sommes heureux! Nous sommes en mode solutions et tout comme le gouvernement, nous avons plusieurs scénarios! Depuis le début de cette pandémie, nous avons deux options : écouter la télé, lire les journaux et rester dans le mode anxiogène, ou alors, trouver du positif et le partager pour redonner le sourire. Nous avons choisi clairement la deuxième option. Pourquoi entrer dans ce négativisme si notre région se porte très bien au niveau des cas liés à la pandémie? Il y a très peu de cas ici à La Pocatière contrairement à Québec et Montréal. La réalité de notre milieu n’est pas vraiment celle que vous décrivez dans votre article. J’habite dans un quartier multi essentiel. Il y a des infirmières, pompiers, médecins, camionneurs, éducatrices à la petite enfance. Étrangement, tout le monde a le sourire. Eux aussi ont le temps de prendre l’air et jouer avec leurs enfants, et ça, même s’ils font partie du réseau de la santé, de la sécurité et autres services essentiels. Étrange que ce ne soit pas ce que nous lisons dans votre article. Devraient-ils rester en petite boule dans leur demeure et avoir l’air tristes lorsqu’ils sortent de peur de se faire pointer du doigt et de se faire dire qu’ils ne doivent pas être heureux en temps de pandémie? Les policiers font des rondes régulièrement en ville. Très souvent ils nous envoient la main ou encore un sourire. Ça va bien pour eux aussi! Les gens du réseau de la santé disent que tout est sous contrôle ici et que ça va bien. Nous sommes chanceux. De plus, quand je vais à l’épicerie ou à la pharmacie, les gens qui y travaillent ont tous le sourire et n’ont pas l’air au bout du rouleau. J’en conclus que notre réalité pocatoise est loin du portrait décrit dans votre éditorial. Est-ce que c’est une tempête dans un verre d’eau? J’ai bien peur que oui. Je trouve injuste (et ça me rend triste) que nous soyons pointés du doigt alors que plein d’écoles primaires et secondaires du réseau public et privé de notre région ont publié des vidéos similaires et il n’y a pas eu de tsunami. Je vous invite à aller consulter les pages Facebook des différentes écoles et vous y verrez le même phénomène, des enseignants et des membres du personnel qui sont heureux de donner du courage à leurs élèves. Je vous laisse visionner le tout en souhaitant que cela vous donne le sourire et la force d’affronter la pandémie! Je vis peut-être dans un monde de licorne, mais dans mon monde nous sommes heureux tout en étant conscients du danger qui est présent! En terminant, j’aimerais que vous publiiez cette lettre dans le courrier du lecteur. Cela permettrait d’éclaircir ce qui doit l’être pour certains.

Merci de l’attention portée à ma lettre

Marie-Ève Pelletier

Fière d’être technicienne en loisirs

À l’École polyvalente La Pocatière