Rhinocéros : « Ça alors! »

LA POCATIÈRE – En chœur, les personnages de la pièce Rhinocéros scandent « Ça alors! », face à une épidémie qui pullule à travers leur ville. La peur est irrationnelle et la raison doit vaincre se disent-ils. Mais trop tard, tout comme l’absurde de la pièce, la « rhinocérite » s’est propagée à vitesse grand V.

La pièce Rhinocéros de Eugène Ionesco, mise en scène par Pierre Lévesque et interprétée par les finissants du profil Théâtre du Cégep de La Pocatière, était présentée la semaine dernière à la salle André-Gagnon. Une production de l’absurde, où un sourire constant s’affichait sur le visage du spectateur.

Dès l’entrée, le public est dérouté. Tam-tam et hurlements donnent le ton. C’est parti, il n’y a pas de retour possible. Le public doit s’adapter dès lors au style de jeu et céder le passage aux conventions. Tout est rythmé et chorégraphié.

Quelques bijoux surgissent du lot, dont la scène au ralenti, celle de la Presse sans visage et la finale portée par Bérenger (Gabriel Tessier).

Des répliques coupées, saccadées ou répétées parfument aussi la beauté du texte du dramaturge dans cette adaptation collégiale. L’entracte, facultatif, a permis aux spectateurs d’assister à la « vie ordinaire » des rhinocéros. Peu ont interrompu l’écoute pour prendre une pause.


Un entracte facultatif était proposé au public, où musicalité et jeu ludique prédominaient
Photo: Tommy Lavoie

Ça alors (bis)

Certains comédiens ont livré de fortes performances, alliant absurde et émotion. Spécialement Laurie Desjardins-Dufresne et Gabriel Tessier. D’autres, tout en offrant un bon jeu, étaient plus caricaturaux et unidimensionnels. Nombreux ont été les rires résultants des personnages de Cassandra Bédard et de Xavier Therrien-Sirois.

Les comédiens ont usé de « psychanalyse jungienne » pour réveiller leur enfant intérieur. La directive étant une interprétation du rhinocéros plus près de l’enfant que de la bête.

Toutefois, les cris enfantins peuvent être agaçants. Un cri gamin d’accord, un CPE en entier, holà. Question de dosage.

Les costumes et les accessoires se démarquent. Les décors, malgré leur ingéniosité de conversion, moins. Un autre bon point a été la conception sonore qui a agi sur le spectateur comme un vers d’oreille bien longtemps après la sortie du théâtre.