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SAQ : un monopole pas si déplaisant

La Commission de révision permanente des programmes, dirigée par l’ancienne ministre Lucienne Robillard, recommande la fin du monopole de la SAQ, en raison de frais administratifs jugés trop élevés en comparaison avec les autres sociétés d’État similaires situées les autres provinces canadiennes. La fin de ce monopole ferait-elle le bonheur des dépanneurs et des épiceries de la région? Les réponses sont très nuancées.

À l’Épicerie Chez Daniel de Mont-Carmel, Kathleen Saint-Jean a connu les deux mondes : celui des vins d’épicerie et celui de l’agence SAQ. « C’est sûr que quand on avait seulement les vins d’épicerie, on trouvait ça plate de ne pas pouvoir afficher les cépages », mentionnait-elle. Actuellement, c’est le monopole de la SAQ qui dicte ce qui va sur ses tablettes et dans les épiceries. De plus, en dehors du réseau de ses succursales, le cépage n’est jamais indiqué sur les bouteilles. « Si on connaissait le cépage, on pouvait le dire. C’est juste que le client n’avait pas de preuve écrite », ajoutait Kathleen Saint-Jean. Depuis trois ans, l’Épicerie Chez Daniel de Mont-Carmel est agence SAQ, c’est-à-dire qu’elle peut vendre les mêmes vins que la société d’état, donc les bouteilles avec cépages. L’effet sur les ventes a été positif. « L’agence SAQ a eu un effet bénéfique pour nous, mais pas juste sur le vin, sur l’ensemble des autres produits qu’on vend. Mais d’un autre côté, tu dois ajuster ton service-conseil, car les gens nous demandent maintenant si tel ou tel vin va bien aller avec ce qu’ils vont manger ». Ce qui questionne Kathleen Saint-Jean à savoir si la fin du monopole de la SAQ ne sonnera pas aussi la fin de l’expertise en matière de vin, dans la province.

Supermarché et dépanneur

À la Coop-IGA de La Pocatière, le directeur général, Éric Saint-Pierre, juge que la fin d’un monopole de la SAQ aurait un impact mineur sur les ventes. « La qualité des vins d’épicerie s’est déjà grandement améliorée au cours des dernières années. La gamme Chartier, ce n’est pas gênant d’avoir ça sur nos tablettes. Afficher le cépage, je ne crois pas que ça changerait quelque chose pour nous », précisait-il. 

Même son de cloche à la Tabagie Lunik de Saint-Pascal. « Le marché du vin est déjà en hausse depuis quelques années si on compare à la bière. Depuis que les journaux ont parlé de vins de qualité douteuse à la SAQ, le printemps dernier, on a connu un boom dans nos ventes », de partager Stéphane Laforest, copropriétaire de la Tabagie. Associée à la bannière Boni soir, propriété de Sobeys, la Tabagie Lunik pourrait éventuellement afficher les célèbres pastilles de goût, comme les consommateurs peuvent déjà observer dans les succursales de la SAQ, ou même dans les supermarchés IGA. « Où elles sont présentes, les ventes augmentent généralement de 10 à 15 % », de confier Stéphane Laforest. Dans ces circonstances, afficher les cépages sur les bouteilles en épicerie pourrait avoir le même impact. Cependant, Stéphane Laforest ajoute un bémol : la variété ne sera pas nécessairement présente. « Si j’ai le choix entre 150 bouteilles de vin, mais que mon espace et mon volume de vente me permettent seulement d’en vendre 35, je vais prendre les 35 meilleurs vendeurs ».