L’orthopédagogue et auteure Sylvie Tremblay de Saint-Roch-des-Aulnaies vient de faire paraître les récits de Philippe Tremblay, son père, qui a arpenté le Québec entre 1929 et 1983 dans des conditions « primitives ». Le livre se veut une ode à cette génération d’hommes aventureux qui à une époque encore plus lointaine auraient sûrement été comparés à des coureurs des bois.
Né en 1912 et décédé en 2004, Philippe Tremblay a été un père absent pour Sylvie Tremblay, mais à la fois drôlement présent, se plaît-elle à dire. Lorsqu’il partait réaliser des contrats d’arpentage aux quatre coins du Québec, il partait souvent plusieurs mois, ne manquant pas d’inquiéter sa mère et la petite fille qu’elle était. Mais lorsqu’il revenait et rapportait avec lui les récits de ses aventures, il réussissait toujours à capter son attention.
« C’était un arpenteur de brousse. C’est comme ça qu’on les appelait. Et il adorait raconter ses histoires. Quand je lui demandais où il était allé, il me répondait qu’il avait marché à la grandeur de la province », se souvient Sylvie Tremblay.
Une rencontre avec Fernand Bélanger de Saint-Aubert, qui a lui-même été « arpenteur de brousse », est ce qui a permis à l’auteure, quelques années après le décès de son père, d’aboutir avec ce projet de livre. Les aventures sont donc celles de Philippe Tremblay, mais la description du métier, le fruit d’entretiens avec Fernand Bélanger, le tout livré en deux parties distinctes.
« On connaît l’histoire de la drave au Québec, et celle des bûcherons. Pour les arpenteurs-géomètres de cette époque-là, on ignorait beaucoup de choses de leur vécu. Je me disais qu’il fallait que ça soit partagé », poursuit-elle.
54 ans de métier
Philippe Tremblay n’avait même pas 17 ans lorsqu’il a fait son premier voyage d’arpentage dans le Nord-du-Québec. Le jeune homme originaire de L’Islet avait été recruté par Jean-Baptiste Gaudreau qui lui a montré tous les rudiments du métier d’arpenteur-géomètre.
Ce premier contrat qui devait être effectué dans la région de Chibougamau avait nécessité, à Philippe Tremblay et ses accompagnateurs, huit jours de canots et de portages (27 au total) avant d’atteindre la destination à partir du sud du réservoir Gouin en Mauricie, là où s’arrêtait le train, à l’époque. Frêle, sa fille mentionne que son père n’avait pas le physique de l’emploi, au départ, mais qu’il avait tout de même été recruté en raison de sa grande détermination et de son tempérament aventurier.
« À une autre époque, mon père aurait probablement été coureur des bois. Aujourd’hui, il serait sûrement de ceux qui partent avec leurs sacs à dos parcourir le monde », image Sylvie Tremblay.
Sur le terrain, Philippe Tremblay travaillait en étroite collaboration avec les autochtones pour qui les « arpenteurs primitifs » avaient le plus grand respect, souligne l’auteure. « Chez nous, critiquer les autochtones, ça ne se faisait pas. Mon père disait toujours que sans eux, il se serait perdu en forêt. Il y avait une belle façon de travailler entre eux. La collaboration était admirable. »
Philippe Tremblay est demeuré passionné de son métier jusqu’à sa retraite en 1983, toujours habité d’une frénésie quand venait le temps de faire ses bagages et de repartir, confie sa fille. Découvrez ses histoires et les témoignages de Fernand Bélanger dans Les récits de Philippe Tremblay (1929-1983), arpentage primitif, mesurer le Québec, aux Éditions GID. Le livre est disponible auprès de l’auteure au 418 354-2869 et à la Librairie l’Option.