Tensions et émotions vives à Saint-Alexandre

SAINT-ALEXANDRE –  Le maire de Saint-Alexandre, Luc Chouinard, accuse les conseillers municipaux d’un manque de vision et d’inertie dans le dossier de l’implantation de Peterbilt. À leur tour, les conseillers accusent le maire de travailler en solo et de salir leur réputation dans les médias. De leur côté, les citoyens déplorent le manque de transparence de leurs élus. Chacun a pu se faire entendre à l’occasion d’une assemblée publique tenue le 29 juin devant près de 200 personnes.

La crise a réellement éclaté le 7 juin, selon les conseillers. Ils prétendent avoir été insultés par le maire lors de la lecture d’une lettre en séance ordinaire. « C’était gênant et honteux », s’entendent-ils pour dire. Il (le journal) nous a été impossible de connaître la teneur des propos de la lettre.

Les conseillers n’ont pas aimé la sortie du maire dans les médias au cours des derniers jours, tellement qu’ils ont convoqué les citoyens à une assemblée publique. Le but de la démarche étant de livrer leur version des faits en ce qui concerne la perte du contrat de Peterbilt au profit de Saint-Pascal.


Les conseillers et le modérateur de la soirée
Photo: Tommy Lavoie

Cette assemblée houleuse, de près de trois heures, n’aura pas permis de réconcilier les deux clans. Au contraire. Le climat de confiance est brisé à la mairie. Les citoyens divisés.

La prochaine séance ordinaire aura lieu le mardi 5 juillet. Le maire Luc Chouinard en profiterait pour déposer officiellement sa démission. « C’est fini, je n’ai plus d’énergie à mettre dans une cause qui n’avance pas », a-t-il mentionné en début de soirée. (Surveillez leplacoteux.com)


Le maire s’est joint à la tablée à l’avant-scène
Photo: Tommy Lavoie

Affronts

Au cours de la soirée, le modérateur et avocat embauché, Me Clément Massé, n’a pas fait l’unanimité. Certains lui ont reproché de répondre aux questions, plutôt que de laisser le micro aux conseillers. En point de presse, Me Massé a dit avoir répondu seulement aux questions juridiques.

Certains citoyens voient comme un affront fait au maire le fait qu’il n’avait pas été invité à la rencontre. « Un manque de respect pour celui que l’on a élu », a sermonné une citoyenne à l’endroit des conseillers.


Photo: Tommy Lavoie

Présent à la soirée, le maire a lui-même installé la table pour y déposer ses dossiers. « Je suis encore le maire jusqu’au 5 juillet », a-t-il affirmé, se sentant légitimé de prendre place à l’avant-scène devant ses électeurs.

Cartes sur table

C’est la porte-parole des conseillers et pro-mairesse de Saint-Alexandre, Anita Ouellet-Castonguay qui a fait un récapitulatif des résolutions, courriels, lettres et autres rapports en lien avec le dossier de Peterbilt.

Le ton jugé « agressif » par les citoyens, la pro-mairesse a rapidement réajusté le tir afin de ne pas laisser une image de confrontation. « Nous voulons être transparents sans détruire de réputations », a rassuré la pro-mairesse, plus posée.

D’emblée, elle a certifié que tous les conseillers, appuyés du maire, étaient en faveur de la venue de Peterbilt.


Mme Anita Ouellet-Castonguay agissait à titre de porte-parole des conseillers
Photo: Tommy Lavoie

Zone industrielle et Fouquette

Saint-Alexandre offre aux entreprises une zone industrielle et non un Parc, comme à La Pocatière, Saint-Pacôme ou Saint-Pascal. La zone industrielle ne peut donc pas offrir les mêmes services (aqueduc, égouts, terrains plats). Par contre, a-t-on appris, le prix au pied carré était supérieur (après toutes les contre-offres) à celui de Saint-Pascal.


Le maire Luc Chouinard lors de la période de questions des citoyens
Photo: Tommy Lavoie

« Pourquoi vent-on plus cher que dans un Parc », d’interroger le maire lors de la période de questions?

De plus, de poursuivre la pro-mairesse, la présence de la rivière Fouquette est le point principal du dossier. « Pour accueillir l’industriel, le cours d’eau aurait dû être déplacé. Tâche difficile et complexe », de rapporter Mme Ouellet-Castonguay, puisque sept organismes, dont plusieurs ministères, devaient donner leur aval.

Nombreuses résolutions ont été entérinées pour réduire la portée des irritants au fil des mois. Le conseil parle de travail acharné, le maire y voit de l’inertie bureaucratique. « On a tellement niaisé, qu’on l’a écœuré (Peterbilt) », s’insurge M. Chouinard.

« Ce dossier allait bien au-delà du simple fait de fixer un prix de vente. Tous les éléments nécessitaient des délais importants avant de les régler et aussi de gros investissements », de dire Mme Ouellet-Castonguay.

À ce jour, le conseil considère impensable le déplacement du cours d’eau en raison des estimations frôlant les 200 000 $. Un pic rocheux et l’aménagement d’un pont faisaient aussi partie des irritants. L’achat d’un camion quatre saisons avec équipement à neige était un autre point litigieux.


Près de 200 personnes assistaient à l’assemblée
Photo: Tommy Lavoie

À savoir si la municipalité est prête à accueillir des investisseurs dans sa zone industrielle, les conseillers répondent par l’affirmative. Toutefois, ils avouent ne pas avoir en main un plan précis, des prix déterminés et des conditions sur l’utilisation du terrain.

La requête d’un agent immobilier à la demande du dernier promoteur a aussi surpris les conseillers dans la façon d’administrer la vente des lots.

Transparence

Les conseillers reprochent au maire d’avoir caché ses démarches dans le dossier Peterbilt et de les avoir informés sur le tard. « Ce n’est pas ça travailler ensemble », explique Mme Ouellet-Castonguay.

Quant aux citoyens, ils se sont sentis lésés en n’étant pas au fait de l’arrivée d’un éventuel promoteur pour la municipalité. « Les conseils municipaux sont faits pour ça », de répondre du tac au tac Me Massé.

Les conseillers ont invité les citoyens à s’abonner à la liste de diffusion, à visiter le site Internet de la municipalité et à être présents aux séances ordinaires.