Un curé de Saint-Denis-de-Kamouraska précurseur de la prohibition

La prohibition de l’alcool a marqué la petite et la grande histoire du Québec. Le succès a été mitigé au Québec dans les années 1910, mais aux États-Unis, cette mesure a été imposée entre 1920 et 1933. Mais pourquoi a-t-on imposé des règles sur la consommation de l’alcool à cette époque ?

L’idée de prohiber l’alcool fait suite à une prise de conscience des problèmes sociaux. Au 19e siècle, on croyait que l’abus d’alcool était la cause de la pauvreté, du chômage et non l’inverse. Le premier à s’élever contre le fléau est Charles-Paschal-Télesphore Chiniquy (1809-1864).

Mais on doit au curé de Saint-Denis-de-Kamouraska Édouard Quertier (1796-1872) la formation de la première Société de tempérance au Québec. Formée à Saint-Denis en 1842, celle-ci vise à enrayer la consommation d’alcool dans les lieux publics. Rien de moins.

L’abbé Quertier se lance alors dans une croisade de tempérance sur la Côte-du-Sud et même dans le tout le Québec. Les sociétés de tempérance de la croix noire sont d’ailleurs fondées dans presque toutes les paroisses de la région. On retrouve d’ailleurs les registres de ces sociétés dans les archives paroissiales. Prédicateur de talent, l’abbé Quertier s’est imposé comme un précurseur du mouvement prohibitionniste, un mouvement qui va prendre de l’ampleur au Québec après sa mort.

En 1919, le gouvernement du Québec adopta une loi sur la prohibition qui fut abolie à la suite de la création de la Commission des liqueurs en 1921. Lorsque la prohibition fut imposée aux États-Unis, on assista à l’émergence d’un réseau de contrebandiers appelés le plus souvent bootleggers. Dans la tradition orale, on retrouve des bootleggers à Berthier-sur-Mer, à Montmagny, à L’Islet, à Saint-Alexandre et à Saint-Éleuthère.