La tradition de la musique de Noël à CNOL-FM de Saint-Alexandre-de-Kamouraska survivra-t-elle? Le trio qui perpétue cette tradition, initiée en 1955 par Bertrand Deschênes, tirera sa révérence au terme de l’actuelle période des fêtes. Après 14 ans à jouer les plus beaux airs de Noël, Stéphan Bernier, Daniel Dionne et Roger Drapeau estiment que le temps est venu de laisser leur place.
Depuis 68 ans, des haut-parleurs accrochés à des poteaux de téléphone de Saint-Alexandre-de-Kamouraska font résonner de la musique de Noël aux quatre coins du village durant tout le mois de décembre.
Bertrand Deschênes, qui a eu l’idée de cette initiative, considérée encore aujourd’hui comme unique au Québec, l’a portée sur ses épaules durant 51 ans, jusqu’à son décès.
« Les deux années qu’il n’y a pas eu de musique, ç’a laissé un vide immense », se souvient Roger Drapeau, qui a relancé la tradition en 2009 avec son ami Stéphan Bernier, à la demande de la veuve de Bertrand Deschênes.
Les deux radioamateurs certifiés perpétuent depuis la coutume, et ils l’ont même bonifiée au passage en créant une radio événement d’une durée de 28 jours à la fréquence 98,5, et cela, dès leur deuxième année.
Grâce à une puissance de 50 W, CNOL-FM se fait entendre dans un rayon de 30 kilomètres autour de Saint-Alexandre-de-Kamouraska, 24 heures par jour, cette année du 7 décembre au 3 janvier.
Cette programmation, différente de celle diffusée sur les 18 haut-parleurs de la municipalité qui fonctionnent quotidiennement de 10 h à 20 h, est sous la responsabilité de Daniel Dionne de Saint-André-de-Kamouraska, qui s’est joint au tandem en 2017.
Le dernier Noël
Installés au deuxième étage du garage municipal de Saint-Alexandre-de-Kamouraska, le studio de CNOL-FM rappelle ceux des stations FM d’il y a 20 ans, alors qu’on naviguait encore par endroit entre les l’ordinateur et les disques compacts pour diffuser la musique.
Les listes musicales qui alimentent les haut-parleurs de la municipalité, toutes préparées par Roger Drapeau, sont diffusées à partir d’un lecteur Winamp sur un ordinateur ayant toujours Windows XP comme système d’exploitation.
Et ne lui parlez surtout pas de Spotify ou d’Apple Music, où l’intelligence artificielle s’occupe de faire des listes musicales automatiques!
« Je suis très fier de mes listes de musique », rétorque tout sourire le deejay, qui retravaille chaque fichier musical pour s’assurer d’un son égal d’une chanson à l’autre lors de la diffusion; un travail de moine.
Tout ce dévouement prendra néanmoins fin après le 3 janvier, alors que le permis de la radio événement arrivera à échéance, et que les haut-parleurs prendront une pause jusqu’à décembre l’an prochain. Tous les deux retraités, Roger et Stéphan avouent ne plus avoir l’énergie de conduire 50 kilomètres aller-retour quotidiennement vers Saint-Alexandre-de-Kamouraska pour ajuster les listes musicales, ou encore procéder à des réparations — il y en a toujours! —, eux qui habitent Rivière-du-Loup. « Les gens auraient aimé que l’on continue, on nous le souffle à l’oreille. On s’est beaucoup amusé, il faut l’avouer, mais là il est temps de laisser la place à d’autres », poursuit Stéphan Bernier.
Le trio est tout de même reconnaissant à l’égard de la Municipalité de Saint-Alexandre-de-Kamouraska et de ses citoyens. Leur générosité les motive à demeurer disponibles pour accompagner une relève qui aurait démontré de l’intérêt. Cette personne reprendra-t-elle à elle seule un projet porté par trois personnes? À suivre. « La Municipalité souhaite conserver les haut-parleurs, et c’est tant mieux. Pour la fréquence radio, est-ce que ça va se poursuivre? Ça serait souhaitable, mais ce n’est pas garanti non plus », conclut Stéphan Bernier.