Sous le Régime français, la rivière du Sud était possiblement une rivière à portage pour certains Amérindiens de passage dans la région. On connaît bien le portage du Témiscouata, mais celui de la rivière du Sud jusqu’à la rivière Saint-Jean (Maine) demeure toujours un mystère.
Certains documents nous font cependant croire que cela est possible. Les premières mentions de cette route canotable jusque vers la rivière Saint-Jean remontent à 1683. Ayant chargé trois hommes d’explorer la rivière du Sud, l’intendant Jacques De Meulles constate la difficulté d’y circuler, étant donné le faible débit d’eau. Mais, en 1686, le gouverneur Jacques René de Brisay de Denonville considère qu’il est possible de se rendre jusqu’à la rivière Saint-Jean par la rivière du Sud, mais seulement au printemps et à l’automne.
Une carte géographique dressée par Jacques-Nicolas Bellin en 1744 montre le tracé d’un portage entre la rivière du Sud et la rivière Saint-Jean par trois petits lacs. Selon l’historien Adrien Caron, le portage aurait été utilisé par les Amérindiens, en passant par les lacs Boilard et Jally, entre Saint-Paul et Sainte-Apolline, pour se rendre au lac Frontière. Comme la ligne de séparation des eaux se situe à Saint-Paul, il était possible de descendre par la rivière Devost et la rivière Noire du Nord Ouest à destination du lac Frontière.
En examinant des cartes anciennes états-uniennes, on découvre qu’avant de porter le nom de rivière Noire du Nord ouest, ce cours d’eau portait le nom de rivière Essiqnalsagock. Cela veut dire qu’avant de délimiter les frontières canado-américaines, quelques cours d’eau portaient encore des noms Abénaquis. Les Abénaquis auraient-ils emprunté cette rivière et la rivière du Sud pour se rendre jusqu’au fleuve? La question est posée.