Premier livre consacré à l’abbé Maurice Proulx, « Dans la caméra de l’abbé Proulx » (Septentrion), de Marc-André Robert, permettra, souhaitons-le, de sortir de l’oubli ce pionnier du cinéma québécois. La cinquantaine de films documentaires qu’il a réalisés demeurent, aujourd’hui encore, une fenêtre visuelle et sonore sur la société agricole et rurale de trois décennies (1930, 1940 et 1950).
Maurice Proulx est né à Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud, dans la région de Montmagny, le 13 avril 1902. Il est le fils aîné de Fortunat Proulx et Gratia Blais. Élève doué, il fera son cours classique au Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, puis il étudiera au Grand Séminaire de Québec. Il est ordonné prêtre en 1928, à 26 ans.
Maurice Proulx poursuivra sa formation en agronomie à l’École d’agriculture de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, puis à l’Université de Cornell aux États-Unis, où il découvrira sa passion pour le cinéma, en assistant aux projections dans les théâtres afin d’apprendre l’anglais.
Pionnier du 7e art
L’auteur, Marc-André Robert, voit Maurice Proulx comme un pionnier du 7e art québécois. Il a réalisé une cinquantaine de films dans lesquels il dépeint la société agricole et rurale de l’après-guerre. Ses films, affirme monsieur Robert, constituent aujourd’hui encore une richesse ethnographique majeure. Il est le premier Canadien français à produire du cinéma sonore au Québec.
Maurice Proulx sera simultanément prêtre, agronome, cinéaste et travailleur social. En 1953, à la demande de l’évêque du diocèse de Sainte-Anne, Mgr Bruno Desrochers, l’abbé Proulx participe à la fondation du Service social de l’enfance et de la famille, à La Pocatière, ville où il passe la majeure partie de sa vie. Il s’occupe d’adoption. À partir de ce moment, il abandonne graduellement sa carrière de cinéaste.
Cinéaste de Duplessis
Marc-André Robert note que l’abbé Proulx était un proche collaborateur du premier ministre libéral Adélard Godbout. Leur amitié date de l’époque où ce dernier était son professeur à l’École d’agriculture. Un changement de gouvernement fera en sorte que Proulx deviendra durant les années 1940 et 1950, le cinéaste officiel du gouvernement de l’Union nationale de Maurice Duplessis.
La production cinématographique de l’abbé Proulx sera teintée des réalisations du « Chef » même si, selon M. Robert, rien ne laisse croire à une ingérence politique sur les lieux de tournage. Proulx se révélera d’ailleurs comme un cinéaste assez moderne qui met en valeur les progrès technologiques en agriculture, et avec un regard novateur sur la culture rurale dite traditionnelle.
L’abbé Maurice Proulx est décédé à La Pocatière en 1986 à 86 ans.
Patrimoine national depuis 1977, l’œuvre cinématographique de l’abbé Proulx est disponible gratuitement sur le site Internet de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BANQ) à l’adresse : http://www.banq.qc.ca.