Une exposition sur la pêche au marsouin

SAINT-JEAN-PORT-JOLI – Le Musée de la mémoire vivante de Saint-Jean-Port-Joli présente une exposition virtuelle intitulée « Le dernier pêcheur de marsouin. » Ce qu’il y a d’original avec cette exposition, c’est que l’on peut la visiter au musée ou de chez soi depuis le site du musée virtuel.

Abondamment illustrée, l’exposition retrace l’histoire de la pêche au béluga – appelé alors marsouin – depuis ses origines. « La pêche commerciale de marsouins à Rivière-Ouelle remonte au début de la colonisation », selon la responsable de l’exposition, Judith Douville. Elle situe en 1698 les premiers essais pour capturer cet animal. Ce sont les Basques et les Amérindiens qui, dit-elle, ont enseigné aux premiers colons la façon de pêcher le marsouin.

Mme Douville raconte que le dernier à avoir pêché le marsouin a été M. Émile Lizotte, de Rivière-Ouelle. Son fils, Georges-Henri, pêcheur d’anguille reconnu, ajoute à propos de son père, né en 1902, qu’il a pêché le marsouin de 1913 à 1933. Georges-Henri Lizotte souligne qu’une pêche exceptionnelle en 1929 avait permis d’effectuer 107 captures en une seule marée. L’animal était réputé pour l’huile, que l’on pouvait tirer de ses graisses. On l’utilisait entre autres pour l’éclairage.


M. Georges-Henri Lizotte lors du dévoilement de l’exposition

Témoignage verbal

Outre les textes et les photos anciennes, l’exposition virtuelle permet d’entendre Émile Lizotte raconter en détail le travail qu’une telle entreprise exigeait : la préparation du site de pêche, la capture, la vente de l’huile et de la peau. Cet enregistrement a été fait en 1974 par M. Raymond-Marie Raymond et Mme Liliane Grenier. Le couple a remis l’enregistrement au musée l’an dernier, ce qui a permis, 33 ans plus tard, de rendre ce témoignage disponible pour le public.


Pêche aux marsouins à Rivière-Ouelle vers 1925 (Crédit photo :Centre d’archives de la Côte-du-Sud)

Abondant dans le fleuve Saint-Laurent jusqu’à la fin des années 1920, le béluga est aujourd’hui une espèce menacée. Accusé d’être à l’origine de la diminution des populations de morue et de saumon, ce mammifère a été la cible de bombardements et sa tête a été mise à prix par le gouvernement.

Or, explique Georges-Henri Lizotte, il a été démontré à la suite des recherches effectuées par un biologiste d’origine russe que c’était la température de l’eau qui entraînait les variations de populations.

D’autres facteurs tels que la pêche, le réchauffement de l’eau et la pollution ont fait en sorte que le nombre de bélugas dans le fleuve a diminué de façon considérable. Un travail de sensibilisation, en cours depuis une vingtaine d’années, a permis de protéger cette espèce en danger.

Les bélugas du Saint-Laurent nagent dans des eaux beaucoup plus propres qu’il y a 20 ans et constituent une attraction touristique pour ceux qui souhaitent les observer dans leur habitat.