Une page se tourne dans le livre du Collègeeliane_vincent20140521

LA POCATIÈRE – Le Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière (CSA) a 187 ans cette année. Dans le livre de cette institution, une page vient de se tourner avec le départ à la retraite de la directrice générale Martine Dubé et l’arrivée de M. Martin Frenette. Retour sur une carrière de 33 années.

Une institution d’enseignement est le miroir de la société qu’elle sert, et chacun des directeurs y a imprimé sa marque. Martine Dubé, qui y œuvre depuis 33 ans, aura forcément laissé un peu de son empreinte.

Native de Saint-Jean-Port-Joli, elle a multiplié les champs d’expertise en obtenant un bac par cumul de certificats, en sciences éducatives, en animation et en français/histoire. Elle a complété sa formation en obtenant une maîtrise en administration scolaire, tout en décrochant en 1981 un emploi au CSA comme animatrice à la vie étudiante. Elle ne devait jamais le quitter. Au fil des ans, elle a assumé plusieurs postes et responsabilités qui l’ont préparée à devenir, le 14 avril 2009, la première femme à diriger les destinées du Collège.

Évoluer avec son temps

L’une des réalisations de Martine Dubé donne le ton de son leadership : en 1994, à la demande d’une étudiante violoniste, Hélène Arsenault, elle supervise la création de Secondaire en spectacle, dont la première finale locale se tiendra à La Pocatière en 1995. « Cette initiative rejoint aujourd’hui 250 écoles secondaires du Québec, souligne la directrice, c’est une grande source de fierté pour moi, d’avoir démontré jusqu’où les jeunes peuvent aller quand leur rêve est appuyé par des adultes ouverts. »

Au chapitre des réalisations importantes, on ne saurait passer sous silence la campagne de financement 2010-2014, dont l’objectif de 3 M$ a certainement paru fort ambitieux. Cet objectif est en voie d’être atteint, avec 2,7 M$ recueillis à ce jour. Ces fonds permettent d’entretenir le bâtiment historique et de dégager des ressources à la persévérance scolaire et à l’appui aux élèves.

Sous la gouverne de Martine Dubé, le Collège aura pris le virage du XXIe siècle, avec des tableaux interactifs dans toutes les classes, des projecteurs, de la sonorisation, un réseau internet sans fil et des iPad pour tous. « Si certains, au début, démonisaient un peu les technologies, notre expérience s’avère très positive », conclut Mme Dubé.

Cinq années bien remplies

Au fil de la conversation, Martine Dubé évoque l’organisation des festivités pour les 175 ans du Collège, les négociations qui mèneront sous peu à la construction d’un nouveau gymnase pour le club Gymagine et les élèves du CSA, le Fonds d’études Charles-François-Painchaud, l’implantation de nouveaux programmes et concentrations en 2013, ainsi que le maintien et le développement du programme Explore, parrainé par l’université de l’Alberta, qui accueille des étudiants en immersion française depuis 50 ans cette année.

L’expertise acquise grâce à ce programme permettra sous peu la création d’une véritable école de langues au Collège. L’institution a d’ailleurs reçu l’accréditation de Langues Canada pour son programme d’immersion française.

Ces succès auront été tempérés par quelques coups durs. Mme Dubé abordera d’emblée le décès d’Adrien Vaillancourt en juin 2009, deux mois après son arrivée au poste de directrice. « Le plus difficile aura été de gérer notre chagrin à tous, personnel et élèves », souligne Martine Dubé. Ce décès aura sans doute été l’inspiration du prix Adrien-Vaillancourt, qui honore chaque année le personnel du Collège d’hier et d’aujourd’hui.

Si la fermeture du pensionnat en 2011, après 180 ans, a été une autre décision crève-cœur, Martine Dubé quittera néanmoins ses fonctions avec la satisfaction de voir que la baisse de la démographie semble à peu près endiguée. Elle note que « nous étions au plus creux de la vague, mais les cohortes de première secondaire sont nettement plus fournies depuis un an ou deux, c’est très encourageant ».

Après 33 années, la première directrice du CSA referme sereinement le livre. « Il faut partir quand on a le cœur joyeux, et c’est mon cas, souligne-t-elle. Personne n’est irremplaçable et le Collège est bien équipé pour réussir pendant encore longtemps. »

Elle compte choisir ses combats : voyager, avoir une vie culturelle, peut-être écrire. « J’aimerais aussi superviser des élèves pour la rédaction de mémoires, un genre de coaching; peut-être aussi donner des formations en leadership, comme je l’ai fait plusieurs années au début de ma carrière », conclut-elle.


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