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Une question de nombre et d’institutions

LA POCATIÈRE — Au fil des ans, Éric Bouchard a développé une expertise sur la question de la langue. Mercredi dernier, il a prononcé une conférence sur l’anglicisation du Québec et ses institutions publiques devant les élèves d’Option médias du Cégep de La Pocatière.

L’activité se tenait en partenariat avec le Mouvement Québec français (MQF). D’emblée, M. Bouchard établit un lien direct entre l’anglicisation du Québec et ses institutions. « Le message que doivent retenir les étudiants aujourd’hui, c’est que la langue, c’est une question de nombre et d’institutions. »

Un peu d’histoire

En faisant un retour historique, Éric Bouchard explique qu’on ne pouvait pas angliciser le Québec quand 99 % des habitants étaient francophones et que les institutions d’enseignement et de santé étaient dirigées par l’Église. La vague d’immigration avec l’arrivée des loyalistes a changé la donne tant au plan du nombre qu’à celui des institutions, dit-il. « La constitution de 1867 dit que le Québec est bilingue et doit s’exprimer en français et en anglais », poursuit M. Bouchard.

Les universités

Ce qu’a surtout fait valoir Éric Bouchard, c’est que dans le reste du Canada, il n’y a pas d’institutions francophones. Si on va à l’université en Ontario, on étudiera nécessairement dans une université anglaise. Or, au Québec, les étudiants peuvent s’inscrire dans deux universités anglophones. Si une part des fonds publics consacrés aux universités anglophones de Montréal était plutôt investie dans les universités en région, la dynamique serait différente et elles pourraient se développer davantage. Les jeunes seraient moins nombreux à quitter les régions pour la grande métropole, croit-il. Le gouvernement anglicise le Québec en « surfinançant » les universités anglophones, explique le conférencier. Il soutient que 29 % du budget consacré aux universités va dans les universités anglophones de Montréal.

Immigration

Le propos de M. Bouchard touche aussi la question de l’immigration. Les arrivants ne sont pas encouragés à apprendre le français. Il constate que le français recule au Québec, mais pas l’anglais. Pour maintenir le ratio français-anglais, il faudrait que neuf allophones sur dix choisissent le français. S’ils se partagent moitié-moitié entre les deux langues, ce sera nécessairement l’anglais qui en sortira gagnant, dit-il. « On a juste à leur dire : c’est en français que ça se passe », selon M. Bouchard.