Une voix d’ici vibre en Europe

Polyvalente de La Pocatière, début des années 1990.  À 14 ans, une jeune fille émeut l’assistance d’un gala méritas avec sa voix de soprano. Lysianne Tremblay vient d’être parachutée dans le monde du chant, qui la mènera jusqu’en Autriche.

« Lysianne a le don de nous transporter et de nous toucher dans sa musique. Elle lit une partition et sait instinctivement ce que le compositeur voulait y transmettre en l’écrivant », dit sa première professeure de chant, Nicole Biron.

« Soit je travaille très peu pendant trois mois, soit ma carrière est complètement folle! J’ai souvent des répétitions et des spectacles pour trois à cinq opéras différents en parallèle », explique Lysianne Tremblay. C’est de sa résidence d’Innsbruck, en Autriche, que la chanteuse classique de 32 ans a été jointe grâce au logiciel Skype.

Embauchée à titre permanent par la maison d’opéra Tiroler Landestheater depuis 2005, la jeune femme prend part à six ou sept opéras différents par année. Parallèlement, divers contrats l’ont menée à chanter dans sept pays européens. Au fil des opéras, elle chante en allemand, italien, français, anglais, espagnol et russe.

De La Pocatière à Innsbruck

Dans les prochains mois, cette mezzo-soprano montera sur scène, entre autres, dans Les contes d’Hoffman et dans Cosi fan tutte, au festival d’été Attersee Klassik. En mai, elle chantera en compagnie d’un quatuor à cordes au Musik Verein, concert qu’elle dit très important en termes de visibilité.

Et ses débuts? Après des cours particuliers de chant et de piano, un baccalauréat et une maîtrise en Interprétation musicale à l’université McGill, elle enseigne le chant et fait des tournées dans trois provinces canadiennes.

C’est à la fois de plus grandes opportunités et une quête de nouveaux défis qui poussent cette grande timide à quitter le Québec pour l’Allemagne en 2004. Elle apprend l’allemand en six mois, puis accepte son premier contrat en terre européenne.


Voici les villes où la mezzo-soprano a chanté depuis 2005. (Carte réalisée avec le logiciel Google Earth)

Un monde magique… et un peu fou!

« Les chanteurs doivent avoir une ouverture de cœur, car ils recherchent des émotions très fortes dans leur interprétation. Les liens se tissent très vite, et on devient une deuxième famille », raconte Mme Tremblay. Une amitié généralement éphémère, la chanteuse confiant que les collègues perdent souvent contact une fois répétitions et représentations terminées.

Et la compétition dans le milieu du chant, où il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus? « La compétitivité ne mène pas au succès, car elle empêche le chanteur de se concentrer sur ce qu’il a à faire. Il faut servir la musique avant ses propres ambitions », croit celle qui considère Mozart comme le plus grand génie musical, capable de rejoindre tous et chacun dans sa musique.

« Le monde des opéras est magique. Les émotions y sont exagérées et à fleur de peau. Ce qui est difficile, c’est le business autour. Il faut avoir une grosse carapace », selon Lysianne Tremblay. Invitée à quelques reprises à des bals somptueux, elle dit ne pas être impressionnée par le luxe. « J’ai été élevée par des gens simples, des gens de cœur », dit-elle.  Et le Québec lui manque. « Je m’ennuie de l’humour, de la facilité d’approche des gens, des grands espaces et du calme », confie-t-elle.

« La voix est un instrument fragile et inégal. Les chanteurs sont à sa merci », déclare cette artiste. Celle qui est passée de soprano à mezzo-soprano aime les rôles de ce registre de voix. « Ce sont des personnages de caractère : sorcières, jeunes hommes ou entremetteuses », dit-elle en souriant.


Lise Journault et André Tremblay avec leur fille Lysianne, devant le Tiroler Landestheater d’Innsbruck, en Autriche, où celle-ci travaille comme chanteuse d’opéra. Ils en ont profité pour aller entendre leur chanteuse préférée. Photo: André Tremblay pour le concours « Je voyage avec Le Placoteux ».