SAINT-ALEXANDRE — Le pianiste, accordeur et restaurateur de pianos, Victor Pelletier, entame la restauration de son 100e piano.
Victor Pelletier pratique cet art depuis maintenant 30 ans, avec la même passion et la même patience qu’à ses débuts. Cette dernière qualité étant nécessaire, lorsque l’on sait qu’un seul projet peut représenter 200 heures de travail.
« Oui ça prend de la passion et de la patience, mais aussi des connaissances », affirme-t-il lorsque nous le rencontrons à son atelier de Saint-Alexandre. C’est d’ailleurs en 1985 qu’il suit des stages de formation auprès de monsieur André Bolduc, à Sainte-Irénée au Domaine Forget, lui permettant d’apprendre son métier. Il acquiert des connaissances qu’il peut mettre à profit, en plus de sa longue expérience.
Le piano du déluge
Trente ans plus tard et 99 pianos complétés, Victor Pelletier se souvient de plusieurs anecdotes, dont son 65e projet, le « piano du déluge », un Steinway CD-121 qui avait connu de belles gloires dans de grandes salles de Toronto, par des musiciens de renom. Acheté par l’École de musique de Jonquière, l’appareil subit les contrecoups du déluge de Saguenay en 1996. « Notre trio composé de Michel Pedneault, Serge Harel et moi avons décidé de le restaurer. C’est donc ici à Saint-Alexandre qu’il s’est retrouvé. Aujourd’hui, il trône au Domaine Forget et est apprécié de tous. J’ai joué dessus l’an dernier et les cheveux m’ont dressé sur la tête. Il jouait comme un neuf ».
Le 100e
Le 100e piano à restaurer, le premier depuis deux ans pour Victor Pelletier, arrive tout droit de l’École secondaire de Saint-Pascal. « J’avais déjà été intéressé par ce piano et là, l’an dernier, on me contacte, car la Commission scolaire devait s’en départir. C’est un piano des années fin 1800, de style victorien. Des heures de travail pour cet hiver ! ».
Celui qui s’est toujours donné un point d’honneur de respecter la création qu’il restaure, en ne transformant pas l’essence même de la pièce, se dit toutefois stupéfait que de nos jours, les gens jettent plutôt que de recycler. « Que ce soit un piano ou autre, on peut redonner une deuxième vie à un objet ». Aussi, l’absence de relève le guette, comme accordeur de pianos. « C’est dommage. Mais il y a moins de demandes… les jeunes pianotent plus sur leurs appareils électroniques que sur des pianos ».
L’hiver sera donc passablement occupé pour monsieur Pelletier, qui affirme sans hésiter que le goût et la passion sont toujours très présents. « Ce nouveau projet m’enchante énormément », conclut-il.

