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Voir autrement avec le photographe Jean Beaulieu

MONTMAGNY – Depuis le 16 mars, le photographe magnymontois Jean Beaulieu expose pour plusieurs semaines, des œuvres photographiques à la bibliothèque de Montmagny. Ces photographies commerciales et industrielles, dont plusieurs en grand format, présentent des plans rapprochés d’objets qui, avec la complicité de la lumière, prennent parfois l’allure d’œuvres abstraites, à tout le moins impressionnistes.  

« Voir autrement », l’intitulé de l’exposition, prends ici tout son sens. Le Placoteux a rencontré Jean Beaulieu pour discuter de sa démarche photographique et de sa carrière. Déjà, adolescent, Jean Beaulieu s’adonnait à la photographie comme passe-temps. « Ça fait donc quelques années », de dire le photographe, près de 40 ans, en fait. 

Cette exposition est une réalisation d’Andrée-Anne Lavoie. Mentionnons que Jean Beaulieu Photographes et Photo DeLavoy se sont associés pour devenir Beaulieu Lavoie Photographes, en 2014. 

Beaulieu le citadin

Ce citadin originaire de Québec a étudié au cégep du Vieux-Montréal, en pleine urbanité. Les œuvres qu’il expose ont quelque chose d’urbain, justement. On le dit pourtant « amant de la nature ». Il est vrai que ses parents ont habité à Tewkesbury, au nord de la ville de Québec, ce qui l’a amené à côtoyer la nature, mais lui ne s’associe pas nécessairement à cette vision. 

« On dit cela de moi, parce que quand j’ai fait d’autres expositions, j’ai été plus connu pour le paysage ou les natures mortes, que n’importe quoi d’autre », confie-t-il, ajoutant : « Il y a aussi des moments où j’ai fait des photographies dans le but de faire des publications dans le domaine touristique, alors cela t’amène à être plus proche de la nature ».

Montmagny

La nature n’est pas non plus un critère qui l’a amené ici, bien qu’il aime en profiter. « C’est le hasard qui m’a amené à Montmagny », de dire M. Beaulieu. 

À la fin de ses études en 1976, un photographe à Montréal qui connaissait Mme Marguerite Michon, autre photographe magnymontoise connue, lui dit que celle-ci cherche un photographe. Après réflexion avec sa conjointe de l’époque, il considère que cette ville les rapprocherait de Québec. « Je me suis dit, je vais venir à Montmagny quelques mois, un an », sauf que le temporaire s’est transformé en permanent. « Dans ces années-là, les studios de photos faisaient du portrait et des photos de mariage. Ce n’était pas très diversifié. » De 1976 à 1984, il travaille au Studio Michon, qui se trouvait là où est maintenant la boulangerie L’Épi d’Or – Café breton. 

Ainsi en 1984, il acquiert le studio Michon, une entreprise familiale (Pierre et sa sœur Marguerite) datant du milieu des années 1940, environ. « C’est là que je me suis mis à développer le volet corporatif et industriel », mentionne-t-il. Il faut dire aussi qu’il avait fait un stage au département de biologie de l’Université Mc Gill, vu son intérêt pour la photographie médicale. Le côté technique était déjà présent.

Mentionnons que M. Beaulieu a donné à la Société d’histoire, il y a plusieurs années, les éléments photographiques historiques du Fonds Michon qui étaient en bonne condition. Un fonds considérable.

Portraitiste et photographe corporatif

« J’ai énormément d’intérêt dans le portrait et aussi dans le corporatif », d’affirmer Jean Beaulieu. « La photographie industrielle, en particulier, ou de nourriture, ce sont des défis techniques plus élevés », surtout à l’époque où l’on ne travaillait pas avec le numérique. « J’étais bon dans ces domaines. J’aimais ça et je me démarquais ».

Maintenant, sa clientèle est de plus en plus diversifiée. Il a fait affaires avec des clients locaux, du Québec, d’ailleurs au Canada et même aux États-Unis. Ce travail sert à réaliser des sites web, des brochures, des présentations d’entreprises « des choses qui servent au marketing », mentionne-t-il.

Toutefois, de souligner Jean Beaulieu, en région il faut faire dans la diversité. « J’ai touché à toutes sortes de choses, mais le plus spectaculaire reste l’industriel. J’ai été dans des industries immenses », lance-t-il, enthousiaste.  

Il a aussi fait de la photographie judiciaire, à l’époque où le service de police de Montmagny était indépendant de la SQ. « C’est un peu particulier », de dire M. Beaulieu qui a fait, entre autres, de la photographie pour le coroner. Maintenant, la Sureté du Québec ses propres photographes.

Perspectives et association

« Je vais continuer tant que je vais m’amuser », affirme-t-il. « En plus, maintenant, j’ai Andrée-Anne qui va assurer l’avenir. C’est sûr que de plus en plus, je veux la voir prendre de la place. »

Même si elle n’est pas arrivée sans expérience au studio de photo de Jean Beaulieu, Andrée-Anne Lavoie considère qu’il est un mentor.

« Jean est la personne la plus structurée que je connaisse », mentionne-t-elle « mais il n’est pas hyper contrôlant », ajoute-t-elle, soulignant que M. Beaulieu, tout en la conseillant, lui fait confiance, mais est aussi capable de lui dire si elle se trompe. 

« Andrée-Anne est déjà un bon photographe. Elle était déjà autonome à certains niveaux. Et là, je suis content de l’amener peu à peu chez mes clients industriels, un volet qu’elle n’avait pas développé », précise-t-il. « Que je n’avais pas développé du tout », de renchérir la jeune photographe, ajoutant qu’elle est « une enfant du portrait ». 

Comment s’est faite l’association? « Hé! bien, j’ai du front tout le tour de la tête », de lancer la jeune femme en rigolant. Elle est débarquée chez Jean Beaulieu à la mi-juin 2014 pour lui proposer une association, qui, ma foi, semble de très bon augure, compte tenu de la camaraderie et du dynamisme des échanges.

Le public pourra se rendre à la bibliothèque de Montmagny pour voir l’exposition de Jean Beaulieu jusqu’au 18 mai.