SAINT-JOSEPH – Les lecteurs du Placoteux avaient été émus en janvier 2008 par le récit de cette femme de Saint-Joseph, Mélanie Bouchard, qui attendait depuis des mois que son dossier débloque afin de pouvoir adopter un jeune enfant haïtien. Après trois ans d’attente, d’espoir et de doute, elle peut enfin serrer son petit William dans ses bras.
« William s’adapte très facilement », raconte Mélanie au moment où William vient se coller contre elle. Pourtant, l’enfant n’est au pays que depuis le 28 octobre. Selon Mélanie Bouchard, il connaît déjà quelque 300 mots de français et parvient à faire de courtes phrases. Déjà, avant même de quitter le sol haïtien, il avait appris à dire « maman. »
La vie au Québec semble aller de soi dans sa nouvelle maison pour le bambin de trois ans et demi qui tente d’attraper des mouches invisibles avec un rouleau de papier d’emballage plié en deux. « Il est très manuel, aime voir comment les choses sont fabriquées, s’amuse peu avec des jouets et ne s’intéresse pas du tout à la télévision », résume la maman. Et semble-t-il qu’il danse très bien.
Trois ans d’attente
Même si l’aventure se termine bien pour Mélanie Bouchard, elle pense encore aux trois années de tracasseries administratives qu’elle a dû subir, notamment parce qu’elle était célibataire. « J’ai manqué deux ans de sa vie », dit-elle avec regret.
À son 2e anniversaire, en avril, Mme Bouchard était allée visiter le petit William et lui procurer les soins de santé dont il avait besoin. « Lorsque j’étais arrivée, il ne marchait pas. Au bout d’une semaine, il a joué au soccer avec moi», se souvient Mélanie Bouchard. Cette année enfin, elle passera Noël avec lui.
Si William était arrivé plus tôt, il serait plus avancé dans son développement, dit-elle. En Haïti, la croissance de William avait été retardée par des parasites intestinaux et une sous-alimentation. L’enfant pesait 26 livres à son arrivée. Il a déjà pris deux livres. « Il mange de tout », ajoute Mélanie Bouchard.
Sans cérémonie
Mélanie Bouchard et une amie sont arrivées en Haïti le 21 octobre. William a été remis à sa mère le lendemain. Cela s’est fait rapidement et sans cérémonie. L’employée de la crèche l’a amené à l’auberge où logeaient les deux femmes et elle est repartie avec les vêtements, raconte Mélanie Bouchard.
« Nous ne pouvions pas vraiment quitter l’auberge pour des raisons de sécurité », dit Mme Bouchard. Le propriétaire de l’auberge leur a tout de même proposé un tour de ville à bord de sa jeep. Mélanie Bouchard a vu la misère la plus profonde côtoyer la richesse, ce qui l’a beaucoup marqué.
Le retour
Mélanie et son accompagnatrice sont reparties le 28 octobre avec William. « Ses papiers nous ont été remis douze heures avant le décollage », raconte la mère. Lorsqu’elle a acheté ses billets d’avion, elle n’était même pas certaine de revenir avec son enfant.
« Le voyage s’est bien déroulé, il était la coqueluche dans l’avion », dit Mélanie Bouchard. William a même été invité dans la cabine de pilotage.
Propriétaire d’une garderie, Mélanie Bouchard a pris un congé parental de six mois. Elle a tout son temps pour s’occuper de son petit garçon avant que de nouveaux amis viennent envahir son coin de paradis.