Du 1er juillet 1936 au 1er juin 1937, l’anthropologue Horace Miner (1912-1993) et sa femme se retrouvent à Saint-Denis pour réaliser une enquête qui ne passe pas inaperçue à l’époque. Durant son séjour, Horace Miner consigne un nombre impressionnant de données sur la vie quotidienne des habitants de Saint-Denis. Que doit-on retenir du travail réalisé par cet anthropologue?
Après avoir obtenu une subvention du Conseil de recherche en sciences sociales de l’université de Chicago en 1936, Horace Miner réalise un stage préparatoire à l’université McGill avant de se rendre à Saint-Denis-de-Kamouraska. S’inspirant de l’approche monographique en sciences sociales, Miner accorde un intérêt à la ruralité, à la parenté, à l’éducation, aux travaux domestiques et aux rituels religieux.
Au terme de sa recherche, Horace publie en 1939 un ouvrage intitulé St-Denis, A french canadian parish. Son étude dresse alors le portrait de la communauté rurale de cette petite paroisse. Saluée par les anthropologues et les sociologues à l’époque et considérée aujourd’hui comme un classique dans les sciences sociales, cette étude a fait l’objet de débats scientifiques en milieu universitaire. Notamment en ce qui a trait aux concepts de folk-society et de société rurale.
Hormis les débats, Horace Miner a laissé une œuvre originale et un patrimoine immatériel qui mérite une attention particulière. Durant son séjour, Miner a pris des dizaines de photographies illustrant la vie quotidienne des habitants en 1936. Il photographie entre autres les rituels funéraires, le travail du filage, le travail des artisans et les moyens de transport des habitants de Saint-Denis. Conservé aux Archives de la Côte-du-Sud et du collège de Sainte-Anne, ce fonds photographique, constitué de 141 photographies et de 112 négatifs, recèle une valeur de témoignage immense qui mériterait d’être soulignée dans le répertoire du Patrimoine culturel du Québec.