Les belles ancestrales : La maison Bourgelas-Pelletier

Nathalie Adams et Dany St-Pierre devant la maison Bourgelas-Pelletier. Photo : Maxime Paradis.

Aussi connue sous le nom de maison Richard, la maison Bourgelas-Pelletier de La Pocatière serait une des dernières datant de l’époque du régime français sur la Côte-du-Sud. Inhabitée durant plusieurs années au point d’en susciter l’inquiétude chez plusieurs Pocatois, elle a depuis été rachetée et en partie restaurée par un couple d’entrepreneurs, Nathalie Adams et Dany St-Pierre.

Respectivement notaire et électricien, Nathalie et Dany étaient à la recherche d’un toit où ils pourraient habiter en permanence et y loger leurs bureaux respectifs lorsqu’ils ont décidé d’acheter la maison Bourgelas-Pelletier en juin 2020. Le fait que la maison soit passablement reculée de la route 132 a interpellé le « p’tit côté sauvage » du couple, dit Dany, en riant.

« Tout ce que j’entendais, c’était que c’était abandonné depuis des années, que c’était magané. C’est Dany qui a insisté, un soir, pour qu’on arrête regarder l’intérieur par les fenêtres. Il m’a convaincu parce qu’il a déjà rénové de vieilles maisons par le passé, car seule, je ne me serais jamais embarqué là-dedans », reconnaît Nathalie Adams.

Le couple a tout de même eu l’agréable surprise de découvrir une maison en meilleur état que ce que la rumeur le laissait entendre. Des travaux urgents ont tout de même été nécessaires : 100 galons de peinture ont servi à repeindre l’extérieur et 75 paquets de bardeaux ont été nécessaires pour réparer la toiture. Nathalie et Dany ont fait tous ces travaux et bien d’autres par eux-mêmes, souvent après de longues journées de travail.

« Ce n’était pas juste peinturer, il a aussi fallu tout décaper ! Seulement pour la toiture et la peinture, on l’avait fait évaluer, et c’était 100 000 $. On ne pouvait pas se permettre ça. On n’a pas eu d’autres choix que de s’en charger », explique le couple.

L’aire de vie de la maison étant assez impressionnante, Nathalie et Dany souhaitaient rendre disponibles certaines espaces à la location commerciale, mais la demande n’a pas été au rendez-vous. Comme bien des propriétaires de maisons patrimoniales, ils ont décidé de profiter de son cachet et de la demande pour l’hébergement touristique dans la région pour proposer un loft et un appartement en location sur Airbnb. Une ancienne résidente de la maison qui y a grandi dans sa jeunesse a d’ailleurs réservé pour cet été, disent-ils.

Fierté

Un an plus tard, et malgré des travaux qui ne sont toujours pas terminés — le deuxième étage est en reconfiguration —, Nathalie et Dany ne regrettent rien. Leurs têtes débordent même de projets pour leur maison et le terrain de 400 000 pieds carrés qui l’entourent, à quelques pas du fleuve et du centre-ville de La Pocatière.

« Chaque fois qu’on part quelques jours et qu’on revient, on arrête la voiture dans l’entrée, on contemple la maison de loin et on s’émeut encore devant sa beauté. Il y a une fierté d’avoir acheté quelque chose qui aurait peut-être fini par être détruit si on n’avait pas été là. On a l’impression de protéger une partie de l’histoire », poursuit Nathalie.

Parlant d’histoire, le couple mentionne que la maison aurait eu 300 ans l’an dernier. Comme elle aurait visiblement résisté aux incendies des troupes anglaises du Général Wolfe sur la Côte-du-Sud, lors de la Conquête de 1759, la légende raconte que c’est parce que les soldats y auraient séjourné. « Mais on n’a rien trouvé dans la maison qui pourrait confirmer ça », ajoute Dany.

Une fiche descriptive de la propriété datant d’octobre 2000 et dont le couple dispose infirme d’ailleurs cette hypothèse. Selon les informations qui y sont rapportées, la propriété aurait « probablement » été construite après l’incendie de la Côte-du-Sud de 1759. À une certaine époque, elle a abrité successivement deux notaires, un hôtel et un magasin général. De 1871 à 2001, la maison a appartenu aux descendants d’Hyppolite Pelletier.

Vue intérieure de la Maison Bourgelas-Pelletier. Photo : Courtoisie Nathalie Adams.