Les belles ancestrales : La maison Létourneau

Sylvie Chamard et Yves Plante. Photo : Maxime Paradis.

La maison Létourneau de Saint-Roch-des-Aulnaies donne l’impression d’être une réplique du moulin banal de la Seigneurie des Aulnaies, quelques kilomètres plus loin, à l’ouest. Construite entre 1793 et 1800, l’imposante demeure en pierre est depuis 11 ans la propriété de Sylvie Chamard et Yves Plante. Après une décennie passée à la restaurer, le couple y opère depuis peu un gîte, Le Canadien, qui promet être un lieu d’hébergement incontournable dans la région.

Une odeur fraîche, naturelle — peut-être de lavande ? —, se fraie un chemin rapidement vers nos narines dès qu’on foule l’entrée du gîte Le Canadien. Si la senteur d’une tarte aux pommes en cuisson lente au four aide à vendre une demeure, dit-on, les arômes qui se dégagent à l’entrée de l’ancienne maison Létourneau donnent le goût de s’y confiner pour un long séjour, aussi paradoxal soit-il, à notre époque.

La pierre, omniprésente à l’extérieur, se démarque aussi au premier niveau. Ensuite, elle se décline principalement sur les manteaux de cheminée des étages supérieurs. Au nombre de trois, deux de ces cheminées ont retrouvé leur pleine fonctionnalité. La troisième trône fièrement au cœur de la cuisine, mais la pièce étant déjà petite et relativement chaude, les propriétaires n’ont pas jugé bon lui redonner sa pleine vocation.

Difficile de leur en vouloir quand on connaît l’ampleur des travaux qu’ils ont réalisés. Ne serait-ce que pour le grenier, où ils ont aménagé les trois chambres maintenant disponibles en location, Sylvie et Yves ont sorti 130 poches de construction pleines de bran de scie grâce à un système de trémie (forme d’entonnoir) qu’ils ont improvisé spécialement pour la tâche.

« Toutes les réparations, on les a faites dans l’idée de conserver le cachet de la maison. Les fenêtres ont été remplacées par d’autres en bois d’acajou. On a fait appel à des ébénistes locaux pour refaire les moulures qui encerclent les plafonds en caisson. La toiture s’est faite sur deux étés et on l’a ramené à sa configuration d’origine en la bonifiant de trois lucarnes pour un total de quatre », résume grossièrement Sylvie.

La vérité est que la maison Létourneau a été retapée de bas en haut dans un souci d’authenticité et d’élégance qui allait permettre au couple de réaliser son autre rêve, celui d’y aménager un gîte. Retraités depuis à peine un an, Sylvie et Yves ont passé les dix dernières années à rénover avec cette vision en tête. Fins de semaine, vacances d’été, chaque temps libre, ils l’ont consacré à leur maison afin qu’elle soit fin prête pour devenir ce gîte qu’ils s’étaient promis ouvrir à leur retraite. Et jamais ils ne sont découragés.

« On a toujours pris une pièce à la fois et on allait jusqu’au bout avant de passer à autre chose. On avait déjà l’habitude de rénover des maisons, même si elles n’avaient pas 220 ans. Mais en travaillant en équipe, ça aide beaucoup. On est fier du résultat et c’est un peu l’héritage qu’on laisse à nos enfants : quand vous avez une vision, arrêtez de rêver, retroussez-vous les manches et foncez », mentionne Yves.

Histoire

Bâtie à l’origine par François Létourneau, agriculteur, forgeron et serrurier, la maison Létourneau mesure 18,6 m (61 pieds) de long, 12,5 m (41 pieds) de large et 12 m (40 pieds) de haut. Sa stature imposante est directement liée à la réussite financière de son propriétaire d’origine. La demeure est restée dans la famille Létourneau pendant 210 ans.

Le nom du gîte, Le Canadien, fait référence au cheval canadien, une race développée au fil du temps pour répondre aux besoins d’expansion de la colonie lors du régime français. « Ce qui est patrimonial, on aime ça », indique le couple, qui prévoit aménager un enclos derrière le gîte où y flâneront des chevaux canadiens dès l’an prochain. Ils bonifieront ainsi la vue des chambres arrière, alors que celles à l’avant on le regard tourné vers le fleuve.

À lire également :