La Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ) et l’Union des producteurs agricoles (UPA) dénoncent fortement le manque de sérieux, d’objectivité, d’analyse et de fondement économique du rapport Gagné sur l’avenir du sirop d’érable québécois.
« Les recommandations du rapport mèneront l’industrie acéricole à sa perte. Ce n’est pas de l’oxygène que monsieur Gagné veut donner à l’industrie, mais bien y mettre le feu », a déclaré le président de la FPAQ, Serge Beaulieu, à l’occasion d’un rassemblement majeur réunissant, devant l’Assemblée nationale du Québec plus d’un millier de producteurs acéricoles venus dire NON au rapport Gagné et OUI à la prospérité de leur secteur par le biais de leurs outils collectifs de développement.
« Le rapport Gagné possède tous les ingrédients pour détruire le plan conjoint acéricole et rendre inopérants les mécanismes mis en place démocratiquement par les producteurs. Il est clair qu’il s’agit d’une attaque en règle contre la mise en marché collective », a continué le président général de l’UPA, Marcel Groleau.
Monsieur Gagné fonde son rapport sur une prémisse erronée. Les parts de marché du Québec, selon lui, seraient passées de 80 à 70 %, perdant 10 % de son marché aux mains des Américains. « C’est plutôt 75 % du marché mondial du sirop que le Québec a détenu au fil des ans avec des pointes parfois à la hausse, parfois à la baisse. Ce qui ne ment pas, toutefois, c’est qu’année après année, les ventes augmentent de façon impressionnante : les quantités de sirop vendues par l’agence de vente ont fracassé un nouveau record en 2015 et ont affiché une croissance de près de 11 % par année au cours des cinq dernières années. »
Un retour aux conditions économiques des années 80
L’analyse de ce rapport permet de constater que plusieurs recommandations sont irresponsables, qu’elles mèneront à la débâcle du leadership acéricole québécois, et qu’il y a visiblement un désir de ramener l’industrie 40 ans en arrière, selon l’UPA. « Un retour en arrière veut dire des variations de prix extrêmes, un sirop de qualité inégale, des producteurs qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts, des baisses d’investissements sur les entreprises, et des institutions financières qui ne peuvent plus nous financer faute de savoir si nous vendrons notre sirop et à quel prix. Est-ce là la définition d’une industrie forte et compétitive? », a indiqué monsieur Beaulieu, précisant que la FPAQ attend depuis presque un an une réponse de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec à sa demande d’augmenter le contingentement. Si la Régie avait répondu aux attentes de la Fédération, il y aurait eu ce printemps 500 000 entailles supplémentaires au Québec.
Des conséquences financières désastreuses
Le rapport ne fait pas état de la perte de valeur que subiraient les propriétaires d’érablières en mettant fin au contingentement. La stabilité des revenus leur a permis d’emprunter pour améliorer leurs équipements et aménager leur érablière. « La perte du contingent et l’insécurité quant aux perspectives d’avenir que cela engendrera vont rapidement faire diminuer la valeur des actifs, estimée à 2 G$ actuellement. Que diront les créanciers de cette perte? Quel sera l’impact sur la fiscalité municipale? Aucune évaluation des répercussions économiques n’a été présentée : c’est irresponsable ».
Les piliers de l’industrie acéricole en danger
« Le plan conjoint, la réserve stratégique mondiale, l’agence de vente et le contingentement sont les piliers de la mise en marché de sirop d’érable québécois. Ces éléments ont permis de propulser notre industrie acéricole dans l’ère moderne de façon fulgurante. En 2015, deux records ont été établis par les producteurs grâce à ces outils de mise en marché : des ventes de 103,3 millions de livres de sirop d’érable et des exportations canadiennes de 92,8 millions de livres. Ce n’est pas vrai que le ministre Paradis va mettre la hache dans nos piliers qui ont fait la force de notre industrie depuis 16 ans. Les producteurs acéricoles du Québec ne se laisseront pas faire. On s’est battu pour mettre en place ces piliers, on se battra encore pour les conserver! », a conclu le président de la FPAQ.