LA POCATIÈRE – En réaction à l’événement « Je commerce ici », tenu récemment au Centre Bombardier, des entrepreneurs de La Pocatière déplorent « le manque de leadership de la Ville en matière de développement économique. »
Sylvain Lemieux, du Garage S. Lemieux, analyse sévèrement cet événement.
« Ce qu’on a fait, c’est une auto-évaluation du commerce à La Pocatière. Ce peut être bien, mais maintenant, on fait comment pour intéresser les gens à développer ici? », lance-t-il.
Daniel Chabot, directeur général à la ville de La Pocatière, rappelle l’objectif de la rencontre. « Le but était d’amener les commerçants à faire un constat sur l’état du commerce de détail à La Pocatière. À partir de ce qui a été partagé, on a pu identifier ce qui est favorable ou non, ce qu’on doit maintenir et où on doit intervenir. »
Plus d’accompagnement
Propriétaire de La Fromagerie Le Mouton Blanc, Pascal-André Bisson est de ceux qui réclament que la ville accompagne davantage les entreprises.
En 2013, lors de la tenue du Festival des fromages artisanaux québécois, il était très satisfait du soutien apporté par la ville, de la façon dont elle a répondu à ses attentes.
La sauce s’est gâchée un an plus tard, dit-il, lors de la réfection partielle de la route 230 qui longe sa fromagerie.
« Tous les commerçants du secteur ouest (NDLR : secteur Centre La Pocatière) en ont souffert. Tout ce qu’on a fait a été de mettre des pancartes disant que la route était fermée. Dans d’autres municipalités où on fait des travaux similaires, on a mis des pancartes avec les noms des commerces pour dire qu’ils étaient ouverts et accessibles », dit-il.
Avec la phase 2 des travaux qui s’annonce cet été, Daniel Chabot croit que cette option est envisageable. « C’est une bonne idée. On peut certainement regarder avec le ministère ce qu’on peut faire. »
Doc Borné
Récemment, Dany St-Pierre, de l’entreprise Doc Borné, a signé une entente avec la compagnie Envision Solar, devenant ainsi le fabricant officiel et exclusif des bornes pour leur concept de stations solaires mobiles et fixes.
Or, il est possible que les bornes ne soient plus réalisées à La Pocatière. « Le local que j’ai actuellement est parfait pour les activités de Votre Docteur Électrique, mais il est inadéquat pour Doc Borné », raconte monsieur St-Pierre.
L’homme d’affaires songe à déménager ses activités dans la région de Lévis où, dit-il, « on lui déroule le tapis rouge. »
« Ici, on n’a pas de motel industriel avec des chariots élévateurs et des rampes de chargement adaptées », ajoute-t-il.
Daniel Chabot et Joël Bourque, directeur général de Développement économique La Pocatière, n’excluent pas l’idée d’un autre bâtiment industriel locatif. L’expérience a déjà été réalisée par le passé avec Technologie Inovaweld.
« L’approche qui est surtout priorisée, c’est de faire du démarchage auprès de promoteurs et d’étudier les demandes qui nous seront proposées », de déclarer monsieur Bourque.
Depuis un an et demi, Dany St-Pierre soutient avoir fait part à la ville de ses intentions quant au développement de son entreprise. « J’ai l’impression que je n’ai jamais été pris au sérieux », déplore-t-il.
Incitatifs financiers
Des incitatifs financiers aideraient sûrement au développement commercial du milieu, estiment ces entrepreneurs.
Pascal-André Bisson y va même d’une suggestion. « Le Centre La Pocatière est pratiquement vide. La ville pourrait-elle aider financièrement des entreprises à démarrer avec des incitatifs monétaires non remboursables? »
Sylvain Lemieux ne craint pas les guerres de clochers et cite Saint-Pascal en exemple. « Ils sont en avance sur nous autres », dit-il en faisant référence à la récente Politique d’aide aux exploitants d’entreprises du secteur privé présentée aux entrepreneurs du milieu.
« Je suis un gars de la place. Ma première entreprise est ici. J’aimerais ça continuer ici, mais il n’y a pas de subventions », poursuit Dany St-Pierre.
M. Joël Bourque donne des exemples d’incitatifs financiers. Un programme de crédit de taxe et deux programmes d’aide financière distinct. Mais ils s’adressent principalement aux entreprises industrielles et manufacturières.
« Dans le commerce de détail, c’est fragile. Les réponses doivent être fournies par le marché. Je me sentirais malvenu de recommander d’investir dans un commerce en particulier, alors qu’il y a des joueurs similaires déjà présents dans la ville », de conclure Joël Bourque.

