J’écoutais dernièrement une entrevue réalisée par M. Michel Harvey à la station de radio CHOX-FM avec le maire de Ville La Pocatière, M. Sylvain Hudon, et le préfet de la MRC du Kamouraska, M. Yvon Soucy. Le but visé de l’entrevue, annoncé d’entrée de jeu, était de rendre compte d’une démarche effectuée l’année précédente auprès du ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, concernant l’ITA.
On comprendra aisément que j’y ai prêté une oreille toute particulière ayant été près de 14 ans directeur général de cette noble institution.
De cette entrevue, j’ai retenu qu’un mémoire a été acheminé au ministre il y a de cela plus d’une année et, qu’outre un accusé réception, aucune réponse n’est venue du ministre.
D’abord, je veux saluer cette démarche des représentants politiques municipaux. Je présume, les connaissant tout de même assez bien, qu’ils n’ont pas agi sur un coup de tête, mais plutôt après mûre réflexion. C’est certain qu’il y a des raisons valables pour agir de la sorte.
Toutefois, je dois dire que je suis resté un peu sur mon appétit suite à cette entrevue. En effet, malgré quelques questions sur le mémoire par l’animateur, on n’en a finalement pas appris beaucoup. C’est demeuré vague. Nos élus ont parlé de statut, de conseil d’administration, d’absence de l’ITA dans le milieu, mais sans plus de précision. C’est resté un peu flou.
Par ailleurs, je n’ai pas entendu de messieurs Hudon et Soucy ce qu’ils comptaient faire par la suite. S’il y a eu mémoire et envoi au ministre, je présume que quelque chose ne va sûrement pas comme il se devrait pour l’ITA.
C’est un secret de Polichinelle qu’il y a un retrait majeur de l’Institut dans le milieu. Il n’y a plus d’âme dirigeante sur place. L’Institut est administré (et non pas dirigé) par le ministère de l’Agriculture à Québec. Les décisions sont prises sur la base de discours comptables : nombre d’élèves, équivalent temps complet (les fameux ETC du conseil du trésor). S’en tenir à l’essentiel : donner des cours et laisser tomber la recherche, la formation continue et la coopération internationale jugées probablement accessoires. En conséquence, l’Institut s’est à nouveau refermé sur lui-même, comme une huître. Je dis à nouveau, car lors de mon arrivée à l’ITA en 1996, c’était mon constat à l’époque. Pourtant, et malgré les coupures et compressions de toute sorte, l’ITA a su reprendre son véritable rôle dans son milieu comme établissement d’enseignement supérieur : contribuer au développement socio-économique des régions comme le formulait d’ailleurs pas plus tard que la semaine dernière le député de Roberval et premier ministre du Québec, Philippe Couillard, à propos de la pertinence des cégeps.
À mon point de vue, l’ITA a levé l’ancre, il n’y plus de capitaine à bord. Il m’arrive parfois de penser que l’ITA pourrait éventuellement fermer si le milieu ne prend pas sérieusement les choses en main. Ce n’est pas parce qu’on a souligné le 150e en 2009 que l’avenir est assuré pour autant.
En conclusion, il serait drôlement pertinent pour la population, la communauté collégiale, les gens d’affaires et le milieu en général d’en connaître davantage sur la teneur de ce mémoire. Qu’est-ce qui est demandé ou recommandé au juste? Non pas pour critiquer, loin de là, mais plutôt pour appuyer le travail amorcé de nos élus dans cette démarche. Et n’oublions pas que le ronron des discours comptables est impitoyable si on le laisse aller tout seul.
Il en va non seulement de l’avenir de l’ITA, mais aussi de toute la communauté locale et régionale. Et ça, je crois que messieurs le maire et le préfet l’ont compris. Reste maintenant à mobiliser notre communauté pour s’occuper de nos affaires avant que les bureaucrates s’en occupent à notre place.
André Simard,
Directeur général de l’ITA 1996-2010