Produire des biens et services dans un souci de durabilité. Vendre ceux-ci non pas dans une logique de volume, mais en fonction de leur usage, tout en responsabilisant au passage le consommateur. Du chinois? Non, plutôt une nouvelle approche économique axée sur la fonctionnalité et la coopération, très en vogue actuellement dans les pays européens. Porté par le consortium EFC Québec, ce modèle se fraye maintenant un chemin chez nous par le biais d’un projet-pilote.
Le consortium EFC Québec regroupe actuellement six organisations provinciales en économie circulaire, dont Économie circulaire Kamouraska représentée par Émilie Dupont, développeuse et facilitatrice du concept à la SADC du Kamouraska. Le projet-pilote dont elle fait aujourd’hui la promotion, avec ses cinq autres collègues au Québec, vise à accompagner 24 entreprises sur une durée de 18 mois dans l’adoption d’un modèle d’affaires basé sur l’économie de la fonctionnalité et de la coopération. 20 entreprises, dont deux au Bas-Saint-Laurent, mais aucune au Kamouraska, sont actuellement du projet.
« C’est une approche différente qui s’inscrit aussi dans la logique de l’économie circulaire, dans la mesure où l’on est dans un esprit de durabilité des produits et un usage conséquent qui évite une forme de surconsommation », résume-t-elle.
Dans la région, les entreprises familières avec le concept d’économie circulaire travaillent surtout depuis quelques années dans une approche de réutilisation des résidus issus de leurs productions, en étant maillées avec d’autres entreprises du territoire qui elles les revalorisent lors de leurs propres processus de fabrication. Ainsi changent les sources d’approvisionnement en matières premières ou la gestion des résidus pour une entreprise, alors que l’économie de la fonctionnalité et de la coopération se distingue en s’attaquant à la base même du modèle d’affaires de celles-ci.
« Si on souhaite que notre économie s’adapte encore plus rapidement aux changements climatiques et qu’elle s’inscrive davantage dans une perspective de développement durable, il faut travailler sur plusieurs fronts et proposer à nos entreprises un portefeuille d’actions différentes en fonction de ce qui est le plus adapté à leurs besoins », résume Émilie Dupont, face à cette nouvelle proposition qu’elle sait audacieuse et qui vient revoir en quelque sorte tous les paradigmes entourant nos modes de consommation.
Concept
En Europe, l’entreprise Michelin a été en quelque sorte celle qui a porté le concept d’économie de la fonctionnalité et de la coopération alors à ses premiers balbutiements, de citer en exemple la développeuse et facilitatrice en économie circulaire au Kamouraska. La multinationale spécialisée dans la fabrication de pneumatiques avait développé de nouveaux pneus pour voiture dotés d’un revêtement plus résistant et qui permettaient de diminuer considérablement la consommation de carburant des véhicules. Vendus beaucoup plus cher, ces ensembles de pneus n’avaient pas réussi à se tailler la place espérée sur le marché en raison du prix, malgré la promesse d’une plus grande durabilité, d’économies financières et par conséquent d’une valeur environnementale accrue.
« Michelin a changé son approche en se disant que le client n’avait pas besoin du pneu, mais de sa fonctionnalité. Donc, au lieu de vendre des pneus, ils se sont mis à vendre du service pneumatique au kilométrage », explique Émilie Dupont.
Ainsi, l’achat du client a été réorienté vers une performance d’usage plutôt qu’une acquisition. En contrepartie, Michelin s’engageait à former ses clients en écoconduite afin qu’ils diminuent leur consommation de carburant et évitent l’usure prématurée du produit qui demeurait leur propriété, écartant toute logique de volume de production. Selon Émilie Dupont, ce type de modèle d’affaires peut s’appliquer à différentes entreprises et pas seulement les plus grandes de ce monde. Les PME peuvent très bien y trouver leur compte également.
« Une des conséquences positives de ce modèle d’affaires qui a été observée en France est le rapprochement entre l’entreprise et le client, mais également avec tous les autres acteurs de l’écosystème, que ce soit les fournisseurs de matières, les transporteurs et même les assureurs. Dans une économie en profonde mutation, c’est une approche distinctive à évaluer pour les entrepreneurs. »
EFC Québec a été lancé officiellement le 5 octobre en avant-midi. Une quarantaine d’entreprises ciblées au niveau du Québec ont pris part au lancement. Une activité de sensibilisation en sous-groupe a ensuite suivi. Les entreprises curieuses d’en apprendre davantage sur le modèle peuvent joindre Émilie Dupont à la SADC du Kamouraska.