La CNESST a rendu publiques jeudi les conclusions de l’enquête menée à la suite du décès d’un travailleur de Groupe Lebel à Saint-Joseph-de-Kamouraska qui est tombé dans une chute à rebuts durant une manœuvre de déblocage d’un convoyeur. L’accident aurait malheureusement pu être évité.
Le 25 mars 2021, Réal Morin, la victime, s’affairait au déblocage du convoyeur. Son collègue avait d’abord arrêté le démêleur et les convoyeurs. M. Morin est monté sur le convoyeur, a retiré avec ses mains une des pièces de bois, avant de redescendre.
Les machines ont alors été redémarrées, mais l’accumulation de pièces de bois s’est poursuivie. De nouveau, le démêleur et les convoyeurs ont été arrêtés et M. Morin est remonté sur le convoyeur.
Debout sur la courroie du convoyeur, il a fait un pas en avant. Mais au même moment, le convoyeur a été remis en marche. Le mouvement de la courroie du convoyeur a projeté M. Morin vers la chute à rebuts.
Un angle mort s’était créé en raison d’un écran suspendu qui empêchait une bonne vision entre les deux employés. Sa chute de 4,27 m l’a blessé gravement et il a été transporté à l’hôpital, où son décès est survenu quelques jours plus tard.
Causes
L’enquête conclut, entre autres, que « la méthode de déblocage du convoyeur à petite courroie a exposé le travailleur à un danger d’entraînement », a expliqué Simon-Pierre D’Amours, inspecteur chargé du dossier.
De 2016 à 2020, pour l’ensemble du Québec, on a répertorié 1452 lésions professionnelles associées à un accident avec un convoyeur et sept décès. « L’élément principal dans tout ça, c’est l’application des procédures de cadenassage, a ajouté M. D’Amours. Ce type d’équipements (NDLR : le convoyeur) se retrouve partout dans les usines de transformation du bois. Malheureusement, ce sont des équipements qui vont, de par leur conception, générer des blocages et des interventions assez régulières. »
Recommandations
Dès l’accident, une interdiction d’utilisation des équipements a été émise et la CNESST a exigé des mesures correctives immédiates à l’employeur. « L’ouverture horizontale appelée la chute à rebuts a dû être sécurisée. On a aussi exigé de mettre sur pied un programme de cadenassage complet, Groupe Lebel a dû satisfaire les exigences qu’on a émises avant de pouvoir redémarrer », a ajouté M. D’Amours. Plusieurs éléments complexes ont exigé la venue d’un ingénieur spécialiste en la matière.
La CNESST transmettra les conclusions de son enquête à l’association Prévibois, aux associations sectorielles paritaires ainsi qu’aux gestionnaires de mutuelles de prévention afin que leurs membres en soient informés. Le rapport d’enquête sera diffusé dans les établissements de formation offrant le programme d’études Opérateur/opératrice de machines à scier dans les scieries pour sensibiliser les futurs travailleurs et travailleuses.
Réaction
Le Groupe Lebel a par la suite réagi par voie de communiqué.
« Nous réitérons notre engagement et assurons que nos pensées premières et nos actions de soutien sont dirigées envers la famille et nos employés. De plus, Groupe Lebel va poursuivre son travail de collaboration avec La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Le dossier de la santé et de la sécurité au travail fait partie de notre culture d’entreprise et est au cœur de nos priorités. Par respect pour la famille et en accord avec celle-ci, Groupe Lebel ne fera aucun commentaire supplémentaire à ce propos».