Qui a dit que le hockey n’était pas permis au plus de 75 ans ? À 76 ans bien sonnés, André Tremblay n’est certainement pas de cet avis, lui qui pratique encore le sport deux fois par semaine au Centre Bombardier de La Pocatière, depuis une quinzaine d’années. Fait encore plus exceptionnel, ce n’est surtout pas comme défenseur ni comme ailier qu’il se distingue sur la glace, mais bien comme gardien de but, une denrée rare dans les ligues « de garage ».
Avec Pierre Kidd, âgé de 78 ans, André Tremblay est parmi les doyens de la Ligue Hockey-55 qui rassemble une trentaine de joueurs incluant les substituts et qui proviennent essentiellement de tout Kamouraska-L’Islet. Tous ont la particularité d’être âgés de plus de 55 ans, la moyenne des joueurs tournant autour de 64 ans. « On ne fait quand même pas d’âgisme ! Quand on est mal pris et qu’il nous manque des joueurs pour compléter l’alignement, on n’hésite pas à faire appel à des plus jeunes qui ont moins de 50 ans », reconnaît-il.
Il n’en demeure pas moins qu’à la base, la Ligue Hockey-55 est venue au monde parce que celle du mercredi de l’époque, qui rassemblait des joueurs de 25 ans et plus, était devenue beaucoup trop rapide pour les doyens, sans parler de la rudesse du jeu qui était aussi de plus en plus difficile à assumer pour les 55 ans et plus. « On était moins intéressés par la compétition aussi, on avait passé l’âge. On voulait simplement s’amuser », résume André.
Ce plaisir, il dure depuis maintenant 15 ans pour quelques-uns d’entre eux. D’autres se sont évidemment ajoutés au fil du temps, de nouveaux retraités passionnés qui veulent se garder en forme, entre autres. Pour ceux qui ont abandonné, la plupart du temps, ce sont les petits « bobos » qui apparaissent avec l’âge qui ont fini par avoir raison de leur participation. « Pour les plus vieux, continuer à jouer une ou deux fois par semaine, c’est certainement ce qui nous permet de demeurer jeunes ! »
De l’avis d’André Tremblay, tout le côté social qui entoure la Ligue Hockey-55 est certainement tout aussi important que le jeu en soi. La bière d’après match, comme il la qualifie, est souvent l’occasion de remonter le cours de la partie, sinon la refaire au complet et de justifier, pas sans pointe d’humour, la victoire ou la défaite d’une équipe face à l’autre.
Gardien de but prisé
Retraité depuis maintenant 20 ans, André Tremblay se rappelle qu’il n’avait pas sauté sur une glace depuis au moins 30 ans quand on l’a invité à joindre les rangs de la Ligue Hockey-55, à ses premiers balbutiements. Des amis à lui qui venaient tout juste de la démarrer avaient demandé lors d’un souper s’il avait déjà joué au hockey et à quelle position. « J’étais gardien de but », a-t-il répondu, donnant ainsi le coup d’envoi à une campagne de séduction en vue de le recruter, les gardiens de but étant souvent difficiles à trouver au sein des ligues amateurs.
« Je n’avais plus rien, plus d’équipement, à part mon vieux bâton et de vieux patins. Je me suis trouvé de l’équipement usagé, je l’ai acheté et j’ai rejoint la Ligue. Au début, c’était affreux mon affaire, j’avais perdu le tour. Aujourd’hui, je dirais que même si je n’ai plus l’agilité et les réflexes d’antan, je suis quand même capable de faire face à la musique », déclare le gardien de but.
Autre signe qui témoigne de sa préciosité, André Tremblay, à l’instar des autres gardiens de but de la ligue, avoue ne pas avoir à payer pour jouer. « Jouer n’est quand même pas très cher pour les autres joueurs, mais pour les gardiens, c’est gratuit. Les autres joueurs n’ont tellement pas le goût d’avoir à lancer sur des planches de pratique placées en avant des buts qu’ils s’organisent pour ne pas nous perdre », conclut le gardien de but, en riant.