Cinq ans plus tard : Mes soins restent ICI encore dans l’attente de résultats probants

Photo : Maxime Paradis.

Certaines choses auraient bougé, mais sur plusieurs autres points, des résultats probants se feraient toujours attendre. Les bénévoles impliqués au sein du comité de citoyens et de professionnels de la santé Mes soins restent ICI ont dressé le bilan de cinq années de mobilisation à l’amélioration des soins de proximité pour les citoyens du Kamouraska. Avoir des décideurs locaux et imputables demeurent au centre de l’attention.

Le comité Mes soins restent ICI est né de la marche citoyenne ayant rassemblé 5000 personnes dans les rues de La Pocatière en 2017. L’enjeu de l’époque, les ruptures de service répétées au bloc opératoire de l’Hôpital Notre-Dame-de-Fatima, faute d’anesthésiologistes, avaient mis en lumière les lacunes dans l’octroi de soins de proximité aux citoyens du Kamouraska, dans la foulée de ce qui est communément appelé aujourd’hui la « Réforme Barrette » ayant mené à la fusion des établissements de santé derrière la création des CISSS.

Cinq ans plus tard, la question des anesthésiologistes a depuis longtemps été réglée, mais la présence d’autres spécialités n’aurait toujours pas retrouvé une cadence menant à une présence jugée suffisamment importante par le comité, à l’hôpital de La Pocatière. La radiologie, l’orthopédie, l’ORL et la neurologie, entre autres, seraient du nombre de ces spécialités dont leur présence en matière de volume n’aurait rien à voir à ce qui existait de l’époque du CSSS de Kamouraska.

Une entente avec le CISSS de Chaudière-Appalaches, annoncée en grande pompe en 2019, devait pourtant permettre de recréer les corridors de services passés interrompus lors de la création du CISSS du Bas-Saint-Laurent afin de mieux desservir l’hôpital de La Pocatière en médecins spécialistes. Selon Mes soins restent ICI, cette entente ne se serait jamais déployée durablement jusqu’à présent, plusieurs de ces spécialistes ayant profité des quelques années sans venir à La Pocatière pour réorienter leur prestation de services ailleurs, ou simplement prendre leur retraite.

En parallèle, d’autres problèmes auraient aussi fait leur apparition ou auraient dégénérées. Mes soins restent ICI cite l’urologie, l’inhalothérapie, l’Unité transitoire de réadaptation fonctionnelle, les ressources humaines, les services psychosociaux et l’obstétrique, dont les ruptures de services ont pris le relai des anesthésiologistes dans l’actualité, mais cette fois en raison de la pénurie d’infirmières.

« Huit finissantes sur 12 en soins infirmiers au Cégep de La Pocatière ont été recrutées pour travailler à l’hôpital cette année et d’autres en deuxième année ont été embauchées comme externe », a indiqué le porte-parole citoyen du comité, M. Jean Martin. Combinées au nombre plus important d’étudiantes dans les cohortes actuelles, ces embauches sont porteuses d’espoir dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre actuel, de l’avis du comité.

Gestion locale et imputable

Mes soins restent ICI désire demeurer dans l’actualité à l’approche de la prochaine campagne électorale. Le comité entend poursuivre la dénonciation des longues distances parcourues par certains citoyens du Kamouraska pour avoir accès à des soins de santé ou la difficulté d’accès à certains services.

Prioriser une instance décisionnelle locale et imputable, comme recommandé dans le mémoire qu’il a préparé et déposé l’an dernier aux différents partis politiques, continuera aussi d’être martelé. Le comité entend désormais se faire entendre sous un nouveau slogan : « Décider ici pour des soins chez nous ».

Un peu d’espoir réside néanmoins de ce côté, avec l’annonce par la PDG du CISSS du Bas-Saint-Laurent Isabelle Malo que le poste de directeur des services professionnels, vacant depuis 2020, a été scindé en quatre faute d’attirer des candidatures, la charge étant jugée trop « lourde ». Le secteur ouest qui inclut le Kamouraska serait donc éventuellement sous la supervision d’un médecin.

« C’est un excellent pas dans la bonne direction. J’ai l’impression que le CISSS a réalisé que c’était trop gros à gérer, trop de disparités entre les besoins de chacune des régions. Je pense que c’est un constat qu’il faut rapprocher les prises de décision davantage. Je crois que ça s’inscrit aussi un peu plus dans les nouvelles orientations ministérielles de “décentraliser” un peu les prises de décision. Il n’en demeure pas moins qu’on est encore loin de la coupe aux lèvres et que ça va prendre beaucoup d’autres pas dans ce sens-là pour qu’on ait vraiment des instances locales de décision », a conclu la Dre Marie-Ève O’Reilly-Fromentin, porte-parole des professionnels de la santé au sein du comité.

Dre Marie-Ève O’Reilly-Fromentin et Jean Martin. Photo : Maxime Paradis.