Des conversions d’horaires de faction en horaires à l’heure réclamées depuis longtemps dans Kamouraska-L’Islet viennent de connaître un dénouement à l’avantage des entreprises ambulancières de La Pocatière et de Saint-Pascal. À Saint-Jean-Port-Joli, la confirmation du statu quo laisse toutefois un goût amer au représentant syndical local.
Un véhicule sur deux sera désormais mobilisé 24 h par jour, sept jours sur sept, à La Pocatière, de confirmer Tommy Chouinard d’Ambulance Chouinard. À Saint-Pascal, la conversion concerne le seul véhicule de l’entreprise. Dans le cas de La Pocatière, cela représente deux équipes de deux paramédics qui se partageront ce nouvel horaire à l’heure. À Saint-Pascal, la conversion toucherait toute l’équipe actuelle de huit personnes.
« J’aurais aimé que ça soit les deux véhicules qui soient convertis à l’horaire à l’heure, car avec encore un horaire de faction j’estime être toujours fragile à des ruptures de service lors de débordements. Mais c’est sûr que pour un bout, je risque quand même d’être un peu plus attractif que par le passé », a indiqué Tommy Chouinard des Ambulance Chouinard à La Pocatière.
Tout comme le Service Ambulancier Daniel Caron à Saint-Pascal, Ambulance Chouinard n’avait rien d’alléchant à proposer aux nouveaux paramédics outre des horaires de faction qui viennent avec leur lot de contraintes en matière de disponibilité et de lieu de résidence, ce qui compliquait le recrutement depuis un certain temps. L’annonce du 14 mai, qui est accompagnée d’un investissement de 32,4 M$ partout au Québec, permet à chacun de toucher une somme 851 110 $ pour procéder à la conversion d’un de leur véhicule de faction, l’équivalent de 8760 heures par année. L’entrée en vigueur de ces nouveaux horaires devra être faite avant le 31 mars 2023.
Statu quo
À Saint-Jean-Port-Joli, le président de la Fraternité des travailleurs et travailleuses du préhospitalier du Québec de ce secteur, Stéphane Lévesque, avait la mine plus basse. Les employés de l’entreprise Paraxion qu’il représente continueront d’être soumis à un horaire de faction sur l’un des véhicules ambulanciers. Un second fonctionne déjà à l’heure, mais partiellement : 8 h par jour en semaine et 10 h les fins de semaine.
« Déjà, si on avait eu une conversion complète pour notre véhicule à l’heure à temps partiel, ç’a aurait été un gain. Mais ce que nous souhaitons avant tout, c’est la fin pure et simple de l’horaire de faction sur notre deuxième véhicule, avant l’ajout de ces heures », a-t-il déclaré.
L’amertume est d’autant plus grande que selon les anciennes règles du ministère de la Santé, Saint-Jean-Port-Joli se qualifiait à une conversion d’horaire en 2019-2020 avec une charge de travail qui avoisinait les 98,88 % pour son horaire de faction. Ce ratio était à l’époque calculé à partir du moment que les paramédics recevaient l’affectation et se terminait lorsque l’équipe avait regagné son point de service.
Or, selon Stéphane Lévesque, la nouvelle méthode de calcul maintenant employée par le ministère de la Santé, appelée taux d’utilisation clinique (TCU), se terminerait maintenant à partir du moment que le patient a été pris en charge par une équipe de soins au centre hospitalier, ne considérant plus le temps de retour de l’équipe de paramédics vers le point de service comme faisant partie de la charge de travail, contrairement à la CNESST. Encore aujourd’hui, le représentant syndical déplore ce changement des règles qui a fait diminuer de moitié le TUC du mobile de faction.
« Si on avait eu une députée (Marie-Eve Proulx) qui avait son travail comme il se doit, au moment où c’était l’ancienne méthode de calcul qui prévalait, notre conversion on l’aurait eue depuis longtemps, comme c’est le cas à Saint-Pamphile. Cette nouvelle façon de calculer favorise les grands centres urbains au détriment des régions », a-t-il déclaré.
Paramédecine communautaire
Dans la foulée de ces annonces, le ministre de la Santé Christian Dubé a aussi souhaité voir davantage de projets-pilotes de paramédecine communautaire. Ceux-ci permettent de mieux utiliser les compétences des techniciens ambulanciers à domicile afin d’éviter d’engorger le réseau hospitalier d’usagers qui s’y retrouvent inutilement, en raison de problèmes parfois superficiels.
Tommy Chouinard a avoué qu’il ferait pression auprès du CISSS du Bas-Saint-Laurent afin que son entreprise soit retenue pour un projet-pilote de la sorte à La Pocatière et les environs. « Ça me permettrait peut-être de faire passer mon deuxième véhicule “à l’heure” », a-t-il signifié. Daniel Caron se montre aussi intéressé.
Stéphane Lévesque a salué de son côté l’initiative du ministre Dubé. Il estime cependant qu’il sera difficile de mettre en place des projets-pilotes de la sorte en région si tous les paramédics ne sont pas soumis à un horaire à l’heure comme en milieu urbain.