Le débat des candidats à l’élection provinciale en Côte-du-Sud a manqué de dynamisme à bien des égards. Si la cacophonie s’est tenue à l’écart, au bonheur des oreilles de tous, aucun échange musclé n’a animé les discussions entre les candidats sur des enjeux qui d’ordinaire soulèvent pourtant les passions.
François Tremblay, animateur et journaliste à CHOX-FM, agissait à titre de modérateur du débat. Les six candidats à l’élection provinciale dans Côte-du-Sud étaient présents : Sylvain Cloutier de l’Équipe autonomiste, Guillaume Dufour de Québec solidaire, Michel Forget du Parti Québécois, Sylvain Lemieux du Parti libéral du Québec, Frédéric Poulin du Parti conservateur du Québec et Mathieu Rivest de la Coalition Avenir Québec.
Cinq grands thèmes ont guidé les échanges : éducation, environnement, santé, économie et nationalisme. Le modérateur avait comme responsabilité de présenter chacun d’entre eux et de suggérer des angles de discussion. À tour de rôle, à la suite d’un tirage au sort, chacun des candidats pouvait présenter les grandes lignes de ses engagements sur chacun de ces thèmes durant une minute. Une formule débat de cinq minutes suivait entre les six candidats.
Tournée des candidats
Pour Sylvain Cloutier de l’Équipe autonomiste, le défi était de se faire connaître ainsi que son parti, absent à l’Assemblée nationale, donc des grands débats télévisés au national. Relativement effacé, l’exercice lui a tout de même permis d’atteindre cet objectif et de faire la lumière sur le positionnement de son parti sur l’échiquier gauche-droite et l’axe fédéraliste-souverainiste.
Guillaume Dufour de Québec solidaire, qui en était à son deuxième débat après celui de 2018, a navigué avec beaucoup plus d’aisance que lors de sa première expérience. Il a livré l’essentiel de son message sans hésitation à chacune de ses interventions. Il a toutefois été écorché par le candidat conservateur en environnement, un segment où il aurait dû normalement briller. Biologiste de formation et enseignant en bioécologie au cégep de La Pocatière, Guillaume Dufour s’est fait exposer ses propres contradictions par Frédéric Poulin, qui a soulevé qu’il aurait dans sa cour une « piscine chauffée ». Ce genre de réplique, aussi inélégante soit-elle, peut coller longtemps à la peau d’un candidat en campagne électorale.
Le plus expérimenté du groupe, Michel Forget du Parti Québécois, s’est quant à lui distingué par son sens de la formule. Il a livré plusieurs des lignes les plus remarquées du débat, notamment lorsqu’il a souligné que l’ancien député libéral Norbert Morin avait eu le courage de marcher pour les soins de santé en 2017, malgré la réforme du réseau réalisée par son parti politique, contrairement à Mathieu Rivest pour la médecine vétérinaire. Sa conclusion, où il a rappelé aux électeurs tentés de voter « du bon bord » que « le 100 M$ de la médecine vétérinaire, il est allé dans un comté de l’opposition » était certainement la plus mémorable des six candidats.
Sylvain Lemieux du Parti libéral, reconnu pour son franc-parler, a été discipliné, bref et succinct durant toute la durée de l’exercice. Son authenticité ne l’a pas fait trébucher non plus, sinon une fois lorsqu’il a évoqué dans un échange que « les libéraux ne savent pas compter », en référence à l’erreur de 16,3 G$ ressortie après la publication du cadre financier de son parti la semaine précédente. Il est probablement celui qui a cherché le plus à en découdre avec ses adversaires, mais la mayonnaise n’a jamais réellement pris. Certaines de ses propositions, comme les navettes fluviales pour piétons et cyclistes entre Charlevoix et la Côte-du-Sud, ainsi que des petits abattoirs en coopérative dans le Haut-Pays sud-côtois, sont des idées de développement économique qui mériteraient d’être reprises, peu importe le candidat qui sera élu le 3 octobre prochain.
Frédéric Poulin du Parti conservateur du Québec semblait par moment être l’homme à abattre sur scène pour la majorité des candidats. Il a été néanmoins fidèle aux valeurs économiques de droite qui caractérisent son parti, même s’il se présentait devant un public composé essentiellement de cégépiens, peu réceptifs à son message. Il n’a pas non plus cherché à arrondir les angles sur les positions plus controversées de son parti, notamment l’exploitation des hydrocarbures en sol québécois. Questionné sur la possibilité que cela se déroule au lac de l’Est, où est projetée une réserve de biodiversité, en raison de permis d’exploration émis dans ce secteur il y a quelques années, il s’est relativement bien tiré d’affaire en disant qu’il serait surprenant que « ça soit le premier endroit qu’on aille » pour faire ce type d’exploitation.
Mathieu Rivest, qui en était à son premier débat, donnait plutôt l’impression d’être à son deuxième, par ses talents d’habile orateur, mais aussi parce qu’il a hérité de la défense du bilan des quatre dernières années de la CAQ et de la députée déchue Marie-Eve Proulx. Attaqué dès le début du débat sur l’enjeu de la médecine vétérinaire, il n’a jamais répondu directement aux questions qui lui ont été posées sur le sujet, reprenant la cassette que tous reprochaient à sa prédécesseure. Il a même affirmé que la plupart des maires du Kamouraska n’ont pas pris part à la mobilisation du 11 septembre dernier en faveur de l’implantation du programme de médecine vétérinaire à La Pocatière, alors qu’après vérification, 11 des 17 maires, en plus du préfet Sylvain Roy et de deux maires de la MRC de L’Islet, étaient présents à la marche.
Un débat lisse, donc, dans l’ensemble, qui ne devrait pas faire trop bouger les tendances qui se dessinent sur le terrain en Côte-du-Sud. Un peu plus de fougue des candidats aurait été appréciée des électeurs, sans pour autant que l’exercice devienne incompréhensible et irrespectueux entre les candidats. Les résultats, le 3 octobre prochain.