CHSLD D’Anjou : De la peinture au plafond pour s’ancrer chez soi

Peinture sur tuile d’une maisonnette dans la forêt. Photo : Christine Beaudoin

Dans la chambre d’un résident du CHSLD D’Anjou à Saint-Pacôme, l’image d’une maisonnette dans une forêt ornemente une tuile au plafond. Dans celle d’une résidente, on en trouve une illustrant trois chats entourés de fleurs. Dans une autre encore, une tuile affiche la représentation d’une scène maritime. « C’est la pêche aux anguilles! », se réjouit le résident qui habite ladite chambre, lorsqu’on lui demande de nommer la peinture. Situées au-dessus du lit, environ à la hauteur des pieds, ces œuvres aideraient leurs propriétaires temporaires à se sentir « chez soi ».

Depuis novembre dernier, Meggie Francœur, technicienne en loisirs, et Sandra Brochu, éducatrice spécialisée, développent un projet selon lequel chaque personne résidant dans leur CHSLD aurait une toile personnalisée à son plafond. L’objectif : diminuer leur anxiété et faciliter leurs soins physiques.

Avoir une scène colorée au-dessus de son lit, « ça rend agréable le réveil, affirme la technicienne en loisirs. Veut, veut pas, quand on ouvre les yeux et qu’on voit [cette œuvre], c’est mieux qu’un plafond blanc. Donc, c’est sûr que ça apporte une touche [à l’environnement des résidents], en plus d’un moment de sérénité et de bien-être. » Par leur fonction calmante, ces tuiles faciliteraient la prise de médicaments et les discussions avec l’équipe intervenante, entre autres.

Certaines tuiles sont très personnelles — une d’elles est la reproduction d’une photo de famille du résident pour qui elle a été peinte. D’autres, comme celle des chats, sont plus générales et pourront être assignées à quelqu’un d’autre après le départ de leurs propriétaires actuels. Cependant, elles seraient toujours adaptées à l’histoire de vie des résidents, ou encore à leurs intérêts ou à leur tempérament. Ainsi, l’œuvre d’art au plafond de leur chambre leur servira de point d’ancrage.

« Si monsieur arrive dans sa chambre et voit sa maison au plafond, il va se reconnaître. Il va penser qu’il est plus chez lui […] donc son anxiété diminuera. Sans repère, il va se demander où il est, et il voudra s’en aller [du CHSLD] », explique Sandra Brochu.

Une idée réalisable

Meggie Francœur portait depuis un certain temps l’idée de faire peindre des tuiles au plafond, mais c’est lors d’un symposium qu’elle s’est rendu compte que celle-ci était effectivement réalisable; une collègue dans un autre CHSLD avait déjà mis sur pied un projet semblable.

La technicienne en loisirs a donc approché la nièce d’une des résidentes, Andrée Alexandre, sachant qu’elle est aquarelliste. En plus de lui parler du projet, Meggie Francœur lui a également demandé si elle pouvait sonder l’intérêt de la communauté d’artistes kamouraskois. Ceux-ci en ont été captivés.

Le travail des artistes est bénévole, mais chacun s’est senti interpellé par le côté humain du projet. « On a tous des parents ou des grands-parents », relate Andrée Alexandre, pour qui sa tante de 106 ans, résidente depuis quatre ans, serait la « doyenne » du centre.

En empruntant un style figuratif et plutôt enfantin, les artistes prennent soin de créer une œuvre à l’image de leur destinataire. Parfois, ils ont l’occasion d’aller leur parler; d’autres fois, le thème a été préalablement ciblé.

Le groupe Reg’Art, dont fait partie l’aquarelliste, a lancé le bal. Depuis, d’autres artistes et même une école secondaire de Rivière-du-Loup se seraient intéressés au projet. Mme Alexandre soutient que celui-ci est accessible aux intéressés. « Si tu fais de la peinture et que tu as le goût de contribuer à ce côté humanitaire, tu es bienvenu de permettre un petit moment de bonheur à ces résidents-là. »

Sur 55 tuiles à peindre, 14 seraient complétées, et sept seraient en cours de confection. Les personnes souhaitant contribuer au projet en tant que peintres peuvent contacter Meggie Francœur au 418 856-7000, poste 1018, pour plus d’information.